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Rina Aiuchi, 30 ans, à la retraite

31 juillet 2010 11 Commentaires

Voilà deux jours que je me retiens de faire encore un vilain billet sur la malédiction du van qui touche cette année les groupes Visual Kei (suis sûr que Van n’en espérait pas tant ! ;) ), mais comme je me rends compte que parmi toutes les idées de billet qui restent en stand by depuis des semaines je n’ai sorti que ceux qui n’étaient pas très gentils, je vais calmer un peu le jeu. Et disserter deux minutes sur Rina Aiuchi, laquelle a annoncé sa retraite aujourd’hui, en évitant, c’est promis, les jeux de mots et autres moqueries qu’il serait pourtant teeeeeeeeellement facile de produire à l’encontre de sa carrière comme de son personnage.

Rina Aiuchi vient donc d’annoncer, un peu à la surprise générale, la fin de sa carrière de chanteuse. Tout juste âgée de 30 ans, l’artiste avait à son actif 35 singles (physiques et digitaux confondus), 7 albums, 4 compilations et quelques collaborations. Présentée comme une artiste à la voix exceptionnelle couvrant 5 octaves, Rina n’est en fait, objectivement, qu’une artiste pop sans grande originalité, dont les quelques talents ont été lissés par le rouleau compresseur à guimauve de son label, Giza Studio. Les rares chansons de Rina qui sont vaguement passées à la postérité restent ses génériques de dessin animé, un peu comme pour tous les autres artistes GIZA : sans Meitantei Conan et autres Mär Heaven, il est probable que cette retraite serait arrivée bien plus tôt que prévu.

Pour comprendre qui est Rina Aiuchi, il faut en fait revenir en arrière, à l’époque de ses débuts. Quelques mois plus tôt, le label Giza Studio affilié au Being Group (B’z, Zard…) avait fait une entrée fracassante sur le marché en lançant une jeune artiste, Mai Kuraki, afin de surfer sur le succès phénoménal de Hikaru Utada. Tout comme Hikki, Mai débarque avec une caution américaine (fabriquée de toute pièce) : son premier single n’est sorti qu’aux Etats-Unis, où il a réussi le prodige d’entrer dans le top100 de je ne sais plus quel classement anecdotique. Dans un registre RnB plus léger (et sans doute plus japonais aussi, avec des mélodies efficaces mais aussi des moyens bien plus caricaturaux dans l’orchestration) que les premières productions de Hikki, Mai fait dès son premier single un véritable carton au Japon, et l’on oublie bien vite la comparaison avec Hikaru Utada pour lui conférer une identité propre. Mai reste considérée comme l’une des précurseurs de ce qu’on a appelé pendant des années le « RnB à la japonaise ». En 2000, le premier album de Mai Kuraki est la meilleure vente d’album de l’année, et bien que ses ventes aient depuis monstrueusement décliné, à ce jour tous les singles de l’artiste (au nombre de 34) se sont classés dans le top10 à l’Oricon.

Sauf que… 2000, c’est aussi l’année où le phénomène Ayumi Hamasaki explose véritablement. La popstar a déjà quelques succès à son actif, mais c’est à ce moment que son statut de reine de la pop s’affirme. Et là encore, Giza ne veut pas regarder passer le train sans réagir. C’est ainsi qu’en mars 2000, Rina Aiuchi fait ses débuts dans un registre qui rappelle énormément Ayu : synthés à tout va, rythmique dance, et un personnage doté lui aussi de grands yeux débridés, ainsi que d’une voix parlée suraigüe et nasillarde au possible (mais soyons clairs, Rina chante incontestablement plus juste en live qu’Ayu…).

Quelques sorties plus tard, c’est le premier vrai succès avec Koi wa Thrill, Shock, Suspense, générique de l’anime Meitantei Conan qui à l’époque est l’un des plus regardés du paysage audiovisuel nippon. Au top de sa popularité, Rina Aiuchi s’offre deux albums n°1 au top Oricon : POWER OF WORDS en 2002 et A.I.R en 2003, sans toutefois arriver à la cheville des chiffres faramineux de sa rivale. Parmi ses titres les plus emblématiques : NAVY BLUE, Deep Freeze, mais aussi et surtout FULL JUMP, bizarrement pas l’un des plus vendus en dépit d’une popularité réelle  :

En 2003, le marché Jpop évolue, les ventes commencent à baisser, les influences occidentales se font de plus en plus ressentir, et les maisons de disque japonaises cherchent la bonne formule pour s’adapter. Mais en se renfermant sur elle-même avec toujours les mêmes compositeurs, toujours les mêmes arrangeurs, les mêmes jaquettes de CD formatées et les mêmes partenariats commerciaux, Giza Studio ne parvient pas à se renouveler. Rina Aiuchi fera alors diverses expérimentations, en se raccrochant tout de même régulièrement à ses fondamentaux, pour un résultat qui sonnera irrémédiablement désuet. Victime de ce syndrome Giza, la chanteuse poursuivra alors doucement mais sûrement sur sa pente savonneuse, au même titre que Mai Kuraki à la même époque. Ses derniers singles en date n’atteignaient même plus la dizaine de milliers d’exemplaires vendus; autant dire que le public n’a pas vraiment attendu qu’elle annonce sa retraite pour l’oublier. Mais plus que Rina elle-même, c’est bien le symbole de la fin d’une époque qu’il faut observer ici.

Désireuse de « repartir à zéro avec son corps et son esprit », Rina Aiuchi met donc aujourd’hui fin à sa carrière, tandis que des problèmes de santé sont invoqués par les media pour expliquer ce départ précipité. Une explication qui se tient, parce que ce n’est certainement pas l’argument des ventes, aussi désastreuses pour la plupart de ses artistes, qui a poussé Giza à se débarrasser de celle qui restait l’une de ses moins mauvaises gagneuses…

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11 Commentaires »

  • Ryo a dit :

    Merci pour cet article. Aiuchi Rina, c’était quand même des grands moments de chanson au début des années 2000 ! Navy Blue, c’est l’un des deux titres (avec Dearest d’Ayumi) qui m’avait fait découvrir la J-pop. Par la suite, j’avais eu la chance de voir un live de Rina, son Rina Matsuri, en 2007 il me semble. Rien d’exceptionnel, mais j’ai toujours bien aimé (c’est relatif, hein) cette petite Rina, au même titre d’ailleurs que Mai Kuraki.

    En revanche, ça fait bien longtemps que je n’ai plus écouté ses dernières sorties… et effectivement, l’annonce de sa retraite, bah… tout le monde s’en balance, dans le fond. Et pire même, beaucoup beaucoup de Japonais ne la connaissent pas du tout. Comme ça…

    En tout cas, Koi wa Thrill, Shock, Suspense, et Navy Blue, entre autres, ce sont des petites merveilles de soupe J-pop comme on les aime !!! :D Pour moi, c’est le must.

    • Ryo a dit :

      Bon bah du coup -comme d’hab avec tes articles-, je me refais toute la disco de Rina ! Excellent ! :)
      J’avais presque oublié les GLORIOUS, Over Shine et autres I can’t stop my love for you. Bon c’est sympa de réécouter ça par nostalgie, mais au bout de trois écoutes, ça suffit. Ca reste du GIZA…

      C’est marrant, chez la plupart des artistes GIZA, je trouve qu’il y a très souvent un certain charisme et un vrai potentiel (Garnet Crow, Mai Kuraki, Rina, Yuka Saegusa, Aya Kamiki, etc.), mais c’est à chaque fois sous-exploité et ça tourne grave en rond, c’est vraiment regrettable.

      • Van a dit :

        article fort intéressant et bien documenté…

        On est triste pour elle, elle a une tete de… ouai bon.
        Non mais y’a un souci avec « Giza » c’est qu’ils n’ont pas de fric et tournent avec le même synthé pourris et tout sonne bien ringard.

        • urashimasenpai a dit :

          Personnelement j’aime beaucoup ses premiers singles. J’en ai essayé quelques uns plus récents et………… pa ta tra XD
          Après c’est comme tu l’as fait remarquer. XD
          Mais c’est bien dommage cette « retraite », enfin tout est relatif mais je pense aussi que c’est mieux comme ça.
          Bref GIZA moi j’adore, après c’est pas la meilleure des maisons de disques c’est sûr mais quelques artistes malgré ça sortent vraiment du lot.

          • TiBer0use a dit :

            J’ai toujours eu une affection particulière pour ce label, malgré son même synthé pourris, comme le fait si bien remarquer Van ^_^
            Je me demande quelle sera le futur du label, et je trouve tout ces départs et fins de carrières en l’espace d’un an plutôt suspects (Naifu, PINC INC, U-ka saegusa IN db, Saeka Uura, Aya Kamiki et maintenant Rina Aiuchi). Giza serait-il au fond du trou ?
            Heureusement, il reste GARNET CROW… jusqu’à quand ? (Quand Détective Conan prendra fin au Japon, il va falloir sérieusement s’inquiéter xD)

            • Soru a dit :

              Pour ce que j’ai écouté d’elle, c’était pas transcendant certes, mais néanmoins plus « sympa » que ce que font la plupart des artistes commerciaux…

              J’attends avec impatience le jour où Ayu prendra sa retraite…

              • Dio a dit :

                Tiens un nom sorti vaguement du cimetiere… je me souviens a peine d’elle quand je suis arrive y a 8 ans au Japon alors maintenant encore moins et pourtant j’ai toujours les deux pieds ici.
                A quand la video du cul pour relancer une carriere car elle est quand meme mignonne ? Elle va pouvoir avoir une vie bien tranquille enfin au lieu des boulets de giza ;)

                • Ananda a dit :

                  Bon article.

                  • urashimasenpai a dit :

                    Pour ma part je ne pense pas que GARNET CROW (que j’affectionne particulièrement) ou encore Mai Kuraki puissent annoncer une fin de carrière, ça signerait le fin du label également et puis tant qu’à faire même si ils s’en allaient, ils continueraient en Indies ou au pire iront signés ailleurs XD

                    • urashimasenpai a dit :

                      Plus j’écoute Close To Your Heart, plus je trouve cela dommage tout de même, mais bon vu le tournant que sa carrière avait pris aussi, ce n’est pas plus mal (au risque de me répéter), mais bon c’était tout de même une Grande de chez GIZA.

                      Le jour où Ayu prendra sa retraite ???
                      A mon avis on pourra toujours attendre, cette fille ne lâchera pas l’affaire aussi facilement………..XD

                      Comme Ryo bah je vais écouter quelques autres titres à Rina tiens, sait-on jamais je peux tomber sur une autre chanson qui « fera la différence ».

                      Bonne continuation, c’est toujours un régal tes articles, comme ceux de Van d’ailleurs !!!

                      • Julien S a dit :

                        Depuis 3 ans, elle arrive pas à tenir plus de 2 semaines dans les charts. Giza a fait vraiment n’importe quoi, ils ont voulu se diversifier en jouant sur les plates bandes d’AVEX : une pétasse blonde avec des ongles longs, chantant sur de la variété aux relents de dance, sauf qu’après les tout premiers singles, c’est devenu une soupe insipide…. ça m’étonne pas qu’elle arrête pour problèmes de santé : Giza a du lui mettre une de ces pressions pour qu’elle rapporte du pognon ou prenne ses responsabilités et se casse…

                        Vu qu’il ne restera rien de discographie à long terme dans l’histoire de la musique japonaise, il ne lui reste plus qu’à sagement chercher un porte monnaie ambulant… euh, un mari, c’est comme ça qu’on dit pour être correct. Faut qu’elle fasse vite car elle arrive à l’âge limite de mariabilité. Heureusement, elle a rajeuni grace aux nombreuses opérations chirurgicales qu’elle a subi au cours de sa carrière.
                        Bonne chance à elle pour la suite.

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