Accueil » Chroniques, Headline, Sorties CD et DVD

Chihiro Onitsuka cherche sa voi(e/x)

9 novembre 2009 5 Commentaires

Sorti fin octobre dernier, le nouvel album de Chihiro Onitsuka n’a pas franchement brillé au top Oricon, où son honnête 10ème place cache la misère avec à peine plus de 14.000 exemplaires écoulés, soit moitié moins que la première semaine de LAS VEGAS, son opus précédent qui avait déjà réalisé des scores décevants. Pourtant bien plus que son prédécesseur, DOROTHY est l’album du renouveau pour une artiste qui a plus fait parler d’elle ces dernières années pour ses problèmes de santé et sa détresse psychologique  que pour ses performances artistiques.

Chihiro Onitsuka - DOROTHY

Un mot rapidement sur l’allégorie du Magicien d’Oz : la petite Dorothy emportée dans une tornade avec sa maison enchaîne les rencontres qui lui donnent des conseils pour retourner chez elle, avec toujours des tas de péripéties à la clé. Il s’avère toutefois que ces aventures étaient totalement dispensables puisque la petite fille avait en sa possession dès le début de l’histoire l’item qui allait lui permettre de retrouver son chemin toute seule comme une grande… Effectivement, il y a un peu de ça, puisqu’après un changement de maisons de disques effectué dans la douleur, une tentative de suicide, une dépression fortement médiatisée, le harcèlement d’un fan un peu trop zélé, et surtout différents problèmes de santé qui ont fortement entamé son formidable potentiel vocal, Chihiro lutte aujourd’hui envers et contre tous, à commencer par sa propre personnalité tourmentée aux tendances auto-destructrices, pour retrouver sa voix et un semblant de paix intérieur. Les intentions sont claires, et se concrétisent sur le CD : alors que LAS VEGAS était composé de titres réalisés avant et pendant son retrait de la vie publique, DOROTHY présente pour la première fois les travaux d’une Chihiro post-apocalyptique, en pleine reconstruction. Exit Takeshi Kobayashi, le producteur qui l’a remise sur les rails : Chihiro prend pour la première fois le contrôle de sa carrière et varie un peu plus son staff. Le résultat c’est effectivement un album un peu plus varié, bien que se reposant toujours sur les poncives ballades qui ont fait le succès de la chanteuse.

Les principales ballades étaient d’ailleurs déjà connues : Hotaru, Kaerimichi wo nakushite, Kagerou et Last Melody ont déjà fait leur chemin en single, toute avec le même verdict : l’engagement et la conviction dans l’interprétation sont là, la qualité des arrangements aussi, l’efficacité des compositions est honnête quoi qu’un peu bateau, et tout irait donc pour le mieux dans le meilleur des mondes si les chansons étaient chantées un ton au dessus et avec un peu plus de puissance, là où le résultat actuel reste un poil frustrant. N’empêche, même côté chant il y a du mieux. La meilleure surprise est venue de X, single à l’esprit plus rock auquel le caractère sombre de la chanteuse confère une certaine crédibilité, et dont l’orchestration et le mixage sur cette version album tiennent du travail d’orfèvre : mention spéciale à l’utilisation parcimonieuse à forte valeur ajoutée des cordes. D’une manière générale, chapeau à Universal pour avoir offert à Chihiro des moyens techniques globalement excellents, avec une vraie orchestration pop-rock acoustique de toute beauté qui change des instruments synthétiques passés au rouleau compresseur qu’on peut entendre chez Sony.

Si les quelques pistes totalement inédites de l’album s’avèrent un peu plus passe-partout, coup de coeur quand même pour le décalé STEEL THIS HEART, un morceau pop-rock vocodé où Chihiro  dépoussière avec brio l’esprit Jpop du début des années 90 : c’est Nanase Aikawa qui devrait en prendre de la graine, elle dont le dernier album intitulé REBORN n’a pas fait renaître grand chose. Son côté kitsch criard mis à part, le clip du titre fait aussi plaisir à voir : on y trouve pour la première fois depuis longtemps une Chihiro souriante, et qui a réellement l’air de s’amuser ! Restent tout de même quelques ratés, en particulier la version Liebig de I Pass By à l’anglais épouvantable qu’on croirait chanté par une vieille édentée la bouche pleine d’anxiolitiques… Avoue Van, t’as kiffé !

Globalement, un bon album dans l’absolu, à considérer comme tel plutôt qu’avec l’espoir désormais vain d’y trouver un monument digne d‘Infection et autres Gekkou, dont l’absence frustrera sans doute les fans qui ne sont toujours pas prêts à en faire le deuil.

Album disponible sur Yesasia

0
1 étoile2 étoiles3 étoiles4 étoiles5 étoiles (1 notes, moyenne : 5,00 sur 5)
 Loading ...

5 Commentaires »

  • Balsa a dit :

    Je suis bien déçu d’apprendre que les ventes ont été aussi faibles, peut-être qu’il s’inscrira un peu dans la durée et fera mieux que le très moyen Las Vegas.
    Je trouve que c’est un très bel album, cent fois meilleur que LV et des morceaux comme StoryTeller, Kaerimichi wo nakushite, Hotaru ou Last Melody font -à mon humble avis- bonne figure à côté de ses anciennes perles comme Infection, Borderline ou Memai. Niveau voix, même si c’est un petit peu en-dessous de ce qu’elle a été, on est quand même assez proche de la Chihiro des grands jours, c’est manifeste dans Kaerimichi wo nakushite…
    L’album est plein d’espoir pour l’avenir. Elle est une grande artiste et je souhaite qu’elle retrouvera un peu de place dans son propre pays.

    • makki a dit :

      Je n’ai pas encore pu écouter l’album mais j’ai effectivement pu constater aussi que les ventes n’étaient pas là. Même si aussi j’ai pu constaté par l’écoute des derniers singles (Kagerou surtout) que on retrouvait un peu du Chihiro. Mais cela reste timide.

      • Van a dit :

        J’ai écouté l’album avec intérêt, j’avais pas mal suivi ses nombreuses sortis singles (avec humour ^^). C’est meilleur que Las Vegas indéniablement, l’album passe plutôt bien, mais je lui reproche 2 choses, d’une part je trouve les compositions un peu juste, elle manque parfois de melodie, d’autre part, je trouve justement, qu’elle n’a pas varié les producteurs puisque c’est Masayuki Sakamoto qui arrange tout l’album. Il n’est pas mauvais, mais c’est très passe partout et un rien ringard, ça me rappel ses arrangements sur la chantesue Ayaka Hirahara, que j’aime plutôt bien. Mais bon on pouvait s’attendre à mieux. Je pense qu’elle n’arrivera plus au niveau de ses 3 premiers albums. Je l’achèterai à l’occasion.

        • Nats a dit :

          Difficile quand même de le considérer dans l’absolu quand on l’a découverte avec ses trois premiers albums.

          Chihiro Onitsuka est quand même un comble ! J’ai tellement regretté son arrêt de carrière et aujourd’hui comme bcp d’autres je regrette amèrement qu’elle soit revenu et ternisse son début de discographie avec de telles sorties.
          Comme quoi, avoir une belle voix ne fait pas tout, mais ça on l’avait déjà expérimenté avec Maaya Sakamoto.

        • Laissez votre commentaire !

          Ajoutez votre commentaire ci-dessous, ou bien faites un trackback depuis votre propre site. Vous pouvez aussi souscrire aux commentaires via RSS.

          Merci de rester poli, de ne pas sortir du sujet, et de ne pas spammer.

          Vous pouvez utiliser les tags suivants :

          Ce blog utilise Gravatar. Pour obtenir votre propre avatar universel, enregistrez-vous sur Gravatar.