Bien qu’à nouveau dans une période de surbooking absolu sur le plan professionnel, l’envie me vient de me lancer dans un petit rattrapage en règle de tout un tas de chroniques que je voulais poster depuis longtemps… Je vais donc m’y atteler en essayant de trouver un bon compromis sur le plan de la longueur, histoire de livrer des avis vaguement intéressants et éclairés sans pour autant que la rédaction me prenne systématiquement une heure… Je commence ce soir avec le dernier album en date de ONE OK ROCK, intitulé Niche Syndrome.

Après une rapide recherche, je constate avec une certaine surprise que je n’ai à ce jour jamais rédigé autre chose que des news sur le groupe ONE OK ROCK. Un comble, alors qu’il s’agit d’un des rares groupes de rock japonais qui trouvent réellement grâce à mes yeux…. Je doute qu’il soit nécessaire de faire les présentations, mais je vais quand même proposer une brève introduction à ceux qui (et je sais qu’il y en a) ne sont pas particulièrement connaisseurs du marché musical nippon et lisent ce blog justement pour faire quelques découvertes.

ONE OK ROCK, c’est donc un groupe de rock japonais à la moyenne d’âge assez jeune (22 ans), qui a fait ses débuts Indies en 2006 avant de signer rapidement en major chez Amuse. Loin de bénéficier d’une grosse visibilité, le groupe fait son trou petit à petit en se forgeant une solide réputation au fil de ses très nombreux concerts annuels. Il faut dire que le style musical de ONE OK ROCK se prête particulièrement à la configuration live, tant le groupe et sa musique dégagent une énergie phénoménale. Loin des pistes soft « rock » complètement insipides auxquelles le marché japonais nous a habitués, ONE OK ROCK présente une discographie on ne peut plus fédératrice, avec des mélodies porteuses qui déménagent, une interprétation engagée et une performance vocale bourrée de personnalité. Et si les jeunes musiciens n’ont clairement pas réinventé le fil à couper le beurre, ils font leur job avec une telle efficacité qu’on se surprend à redouter le jour où ils auront la mauvaise idée de s’essayer à des expérimentations hasardeuses…

Initialement composé de 5 membres, ONE OK ROCK a récemment perdu Alex, son guitariste d’origine américaine, éjecté pour une sombre affaire de moeurs : figurez-vous que le bad guy avait osé tripoté la cuisse d’une demoiselle dans un train sous l’effet d’une nuit un peu trop arrosée, provoquant un mini raz-de-marée médiatique qui a abouti à la suspension des activités du groupe pendant plusieurs mois… Au rayon anecdotes, sachez que Taka, le principal chanteur du quatuor, est le fils du célèbre chanteur enka Shinichi Mori et de la chanteuse Masako Mori. Il a fait ses classes au sein de la Johnny’s Jimusho et a même participé au premier single des NEWS avant de quitter la firme pour rejoindre ses amis de lycée au sein de ONE OK ROCK. Quant aux autres, j’ai récemment appris via ce blog qu’ils exercent la musique depuis pas mal d’années également, deux d’entre eux ayant monté dans leur jeunesse un groupe nommé HEADS dont les membres étaient au casting du sympathique drama Sh15uya, lequel s’avère être le seul drama japonais que j’ai regardé en entier de ma vie !

Pour revenir à Niche Syndrome, il s’agit donc du 4ème opus du groupe, et à mon goût le meilleur. S’il est une conclusion à retenir, c’est que ONE OK ROCK y gagne encore en crédibilité, avec un son qui s’est alourdi et une maîtrise technique accrue. Entre Ryota qui a ajouté une 5ème corde à sa basse, Tomoya qui a sacrément varié ses styles de jeu à la batterie et Taka qui a un peu délaissé ses raps pour développer son chant (+3pts en puissance, +2pts pour la personnalité du timbre, +5pts pour les nuances sur les passages scandés et l’émotion), on est sacrément bien servis. L’album comporte son lot de thèmes ravageurs (le diabolique et métallique Shake it down en tête), et même si la patte caractéristique des travaux du groupe reste très reconnaissable dans la plupart des morceaux, la tendance est au dopage à la testostérone, en témoignent l’excellent Riot!! ou même le single Kanzen Kankaku Dreamer.

Il n’y a en fait rien à jeter sur le CD, mais surtout, il y a deux morceaux qui sortent complètement du lot, au point de se partager la 1ère place pour le titre de ma piste préférée du groupe, détrônant ainsi le mythique et dansant Yume Yume qui passe régulièrement en boucle sur mon ipod. Premier chef d’oeuvre : la ballade Wherever you are, cliché s’il en est de la chanson d’amour emo aux paroles (full english) romantiques au possible. Ca dégouline dans tous les sens, ca emploie honteusement la bonne vieille recette du dosage progressif de l’émotion par l’introduction successive des différents instruments, de la dose de reverb, et du timbre un peu rauque, c’est prévisible à 500%, mais p***** de m****, qu’est-ce que c’est bon ! Et puis surtout, il y a le phénoménal Liar, un morceau rock aux accents punk, épique, commercial au possible, lui aussi complètement téléphoné, mais frais, particulièrement bien mixé et orchestré, porté par une excellente ligne de basse et sublimé par un Taka magistral dont les hurlements furieux sur les refrains sont à vous dresser les cheveux sur la tête. Une bombe, tout simplement !

Aussi dingue que ça puisse paraître compte tenu de son jeune âge et de son appartenance à un marché musical nippon où ce genre musical est le plus souvent aseptisé, ONE OK ROCK est un vrai bon groupe de rock tant dans la matière que dans l’esprit. Récemment adoubé par plusieurs dates de tournée commune avec the HIATUS, le nouveau groupe de Takeshi Hosomi (ex-ELLEGARDEN), ONE OK ROCK est sur une pente ascendante intéressante : après une grosse tournée des principaux festivals estivaux, le quatuor fera ses premiers pas sur la mythique scène du Nippon Budokan en Novembre. Et Niche Syndrome est  à ce jour le plus gros succès de la discographie du groupe, avec une quatrième place à l’Oricon la semaine de sa sortie. De nombreuses rumeurs ont fait état, ces dernières années, d’une possible venue du groupe en France. S’il y a effectivement eu des débats en ce sens, les discussions que Shimoa (ex-rédacteur mimu) avait eu avec le manager du groupe à l’époque avaient toutefois de quoi doucher les espoirs : en dehors de quelques incursions américaines destinées à servir la réputation du groupe sur le marché japonais, ONE OK ROCK n’avait aucune ambition affichée en Occident. Fort de sa montée en puissance suite au succès du groupe flumpool, Amuse Entertainment souhaitait que ONE OK ROCK concentre ses efforts sur le développement de sa popularité au Japon, notamment en enchaînant les concerts. Reste que depuis, la donne a un peu changé. Le marché japonais s’avérant de moins en moins rentable, les labels nippons lorgnent vers l’Occident avec de plus en plus d’intérêt. Malheureusement plusieurs échecs successifs d’implantation rendent en même temps les japonais très frileux, et difficiles à convaincre. Or il se trouve que ONE OK ROCK est à mon sens l’un des groupes qui présentent le meilleur potentiel pour un concert en France, tant sur le plan de la faisabilité que sur le plan de la qualité espérée de la prestation. Et l’anglophonisation récente de la communication du groupe incite à l’optimisme. Mais pour que ça se fasse, il n’y a pas 40 solutions : il faut faire savoir que la demande est réelle. Alors voilà, je le dis : je rêve d’un concert de ONE OK ROCK dans l’Hexagone, et j’invite tous ceux qui partagent mon avis à le crier eux aussi haut et fort, dans les commentaires de ce post, sur Facebook, par messages interposés sur le Myspace ou sur le site officiel du groupe, ou encore par mails envoyés aux quelques intervenants français du secteur. Toute initiative sera la bienvenue, et il va sans dire que la soutiendrai du mieux que je peux ! Et puis en attendant, jetez-vous sur Niche Syndrome, parce qu’en ces temps de disette, rares sont les albums qui font autant de bien par où ils passent !

Be Sociable, Share!

•