Le non-bilan 2012 : rattrapage-express en 18 CDs !

La fin du monde ne nous a pas emportés, et malgré tous ses efforts, le passage à 2013 n’a pas non plus eu raison de moi. Plutôt que le traditionnel bilan redondant qui se résumerait à une liste de liens vers des chroniques déjà écrites, je vous propose donc une lecture plus inédite. Un peu à la manière d’une certaine émission de France2 qui débute par la liste des « invités qui ne viendront pas ce soir », j’ai décidé d’inaugurer cette année 2013 avec mon non-évènement à moi : la liste des CDs dont je ne parlerai pas sur ce blog. Nombreux sont les disques écoutés en 2012 au sujet desquels j’ai songé à une critique rapidement victime du syndrome de l’arlésienne faute de temps, de motivation, ou d’impact au milieu de sorties plus marquantes. Séance de rattrapage express de ces six derniers mois en 18 disques !

Les derniers jours de 2012, et pire encore les premiers de 2013, s’étant montrés particulièrement cruels avec moi, l’humeur du moment est, je l’avoue, un peu au défouloir. Mais le sort m’accable jusqu’au bout : pas une seule ambulance qui me donne envie de la dégommer dans l’actu musicale du moment, aucune cible facile, aucun souffre-douleur servi sur un plateau d’argent, rien, nada, nanimo. La dèche totale…

Ayumi Hamasaki – A CLASSICAL / Mai Kuraki – Symphonic Show in Moscow

Alors c’est sûr, j’aurais pu taper sur le tout récent A CLASSICAL d’Ayumi Hamasaki, mais la pauvre me fait tellement de peine en ce moment que je n’ai pas le coeur à l’enfoncer. Pourtant le concept de A CLASSICAL est carrément foireux : il revient, globalement, à badigeonner d’herbes de Provence Leader Price des sashimi de thon rouge à 700.000 yens le kilo. Les traditionnelles versions « Acoustic Orchestra » des chansons d’Ayumi avaient fait la preuve de leur désuétude ces derniers temps, et l’idée de remplacer les arrangements orchestraux discount par un bel ensemble symphonique avait au moins le mérite de l’ambition. Sauf qu’à un moment il faut avoir un tout petit peu le sens des réalités : les vibratos sismiques et les aigus nasillards d’Ayu, tous sympathiques qu’ils puissent être parfois, font quand même bien meilleur effet sur des arrangements pop-rock ou électroniques que sur les ribambelles de violons et les cuivres épiques déployés sur cet album, en dépit des efforts notables réalisés par l’équipe d’arrangeurs pour assurer un semblant de cohérence avec les morceaux d’origine. Si les titres les plus anciens accusent un peu mieux la conversion que les plus récents, les fans peuvent toutefois se rassurer : l’âme d’Ayu n’est pas trahie, la preuve avec ces superbes réinterprétations luxueuses du carillon/jeté de poudre magique dont on nous gratifie, par exemple, sur M. Pour les autres, je conseillerais plutôt le Symphonic Collection in Moscow de Mai Kuraki, autrement plus intéressant. D’autant que Mai a fait l’effort de réenregistrer toutes ses chansons, démontrant au passage qu’à défaut d’avoir une grande voix, elle peut au moins se vanter de savoir chanter.

 

Au rayon Pop/RnB : Kumi Koda, JASMINE, Daichi Miura

Autre bonne cliente sur laquelle je pensais pouvoir compter : Kumi Koda, tout juste de retour après avoir démontré qu’elle était aussi capable, de temps en temps, de faire SORTIR quelque chose d’entre ses cuisses. L’artiste nous avait quittés en excellentes dispositions avec l’un des meilleurs albums de sa discographie, et j’avais l’espoir d’avoir quelque chorégraphie scandaleuse ou rengaine pop féroce à me mettre sous la dent avec ses nouveaux singles. Raté : Go to the top est un mix fadasse de tout un tas d’autres titres du même genre dans la discographie de Koda, plombé par un usage aussi opportuniste que dispensable du debstep; quant à Koishikute, c’est une énième ballade larmoyante qui me donne une furieuse envie de m’acharner sur ma jugulaire avec un couteau à beurre, mais ni plus ni moins que toutes les autres ballades de la chanteuse… Dans la même veine RnB commerciale, j’avais été bien plus agréablement surpris par le Best Partner de JASMINE, un single assez complet avec une chanson-titre mid-tempo plutôt bien fichue, un Touch me on the beach bourré de personnalité et bien exécuté, et surtout un excellent B*TCH*S aux basses puissantes. Pourquoi n’en ai-je pas parlé à l’époque ? A vrai dire je n’en sais trop rien, à chaque fois que je tombe sur ce single dans ma playlist, je me dis qu’il devrait bien plus tourner que ça, et pourtant je n’y reviens jamais spontanément… Un peu comme le dernier opus en date de Daichi Miura, un de mes artistes masculins favoris, dont le double A-side Right Now / Voice était très bien produit, en particulier le très dansant Right Now, et qui pourtant manque lui aussi de ce je ne sais quoi qui transforme une bonne chanson en un tube qu’on a envie d’écouter en boucle…

 

Du côté des groupes masculins… : GENERATIONS, w-inds., ONE OK ROCK, Tackey & Tsubasa

Je n’ai pourtant pas zappé que des choses décevantes sur ce blog en 2012; il y a d’autres disques qui ont su me convaincre, mais dont je n’ai pas parlé faute d’avoir assez de matière pour développer quelque chose de vaguement intéressant. C’est par exemple le cas du premier single de GENERATIONS, dont la chanson-titre BRAVE IT OUT m’a fait une excellente impression. Clairement taillé pour marcher sur les plates-bandes des boys bands coréens (avec notamment dans les crédits l’un des compositeurs du tube Superstar des Tohoshinki), BRAVE IT OUT a ce petit supplément d’âme qui fait selon moi défaut à 95% des productions Kpop, en plus d’excellentes basses, de bonnes nappes de synthé, d’une rengaine très entêtante, d’une bonne routine chorégraphique, et d’un impact visuel étonnant de la part d’un groupe estampillé EXILE CREW. Histoire de ne pas tomber dans une forme aggravée de psittacisme, je n’ai pas évoqué non plus le dernier single de ONE OK ROCK, The Beginning, qui aurait écopé des louanges habituelles parce que je ne suis pas encore repu de l’incroyable efficacité de ses compos, ni du charisme phénoménal doublé d’une maîtrise vocale impressionnante dont fait preuve Taka. Aucune mention également sur ce blog du dernier album en date des w-inds., MOVE LIKE THIS, qui m’a pourtant tout autant réjoui que les précédents. J’ai fait mon coming out de fan des w-inds. il y a déjà un moment, et j’assume toujours : en dépit de ses éternels travers vocaux d’anatidé notoire, le chanteur du groupe Keita s’adapte très bien aux excellentes productions qui lui sont servies, et le CD regorge de très bons titres dance comme le single FLY HIGH, T2P, Addicted to love ou encore Superstar qui n’ont pas grand chose à envier aux tubes internationaux du moment. A l’inverse, le seul groupe de la Johnny’s Jimusho qui ait  réellement trouvé grâce à mes yeux, à savoir le kakkoïssime duo Tackey & Tsubasa, m’a définitivement perdu cette année avec un album (TEN) totalement anecdotique, loin des collections d’hymnes aussi kitsch que jouissifs qu’il nous a livrés il y a quelques années. Clairement, ils ont perdu la flamme.

 

Au rayon des bilans mitigés, en vrac : Motohiro Hata, DAI, Leo Ieiri, Namie Amuro, MAN WITH A MISSION

- Dear Mr.Tomorrow de Motohiro Hata, lequel semble, malgré tous ses efforts, peiner à retrouver son inspiration d’antan dans un registre pop/folk acoustique qui tourne un peu beaucoup en rond. Pourtant ce single est sans doute l’un de ses meilleurs sur les deux dernières années !
- Do As Infinity X de D.A.I. franchement décevant tant il recycle encore et encore les mêmes recettes. Je suis client du groupe depuis son premier jour, et pourtant cette fois le disque m’en a touché une sans faire bouger l’autre. La plupart des pistes sont pourtant très bien exécutées sur le papier, mais bizarrement, ça ne passe pas, et le tout est rendu encore plus lassant par le timbre vraiment caractéristique de la voix de Tomiko Van.
- Le premier album LEO de Leo Ieiri, dont j’attendais beaucoup et que les media nippons ont unanimement consacrée révélation de l’année 2012, est un peu la montagne qui accouche d’une souris. Le premier single de l’artiste, Sabrina, était sympathique, dynamique, plutôt prometteur. Mais sur la longueur de l’album, la voix s’avère certes juste mais limitée, l’orchestration insipide, les compositions assez faibles : on est dans de la J-soupe pur jus avec une chanteuse limite gâteuse avant l’âge, et c’est plus qu’inquiétant de s’en rendre compte dès le premier opus, car il est difficile d’imaginer l’artiste réellement muscler son jeu à l’avenir.
- Damage, premier single digital de Namie Amuro, m’a laissé un peu sur ma faim. Certes le refrain est plutôt bon et compense des couplets un peu bancals, mais il manque quelque chose d’indéfinissable au titre pour être réellement accrocheur, si bien que je ne sais honnêtement pas quoi en penser. Le remix très inégal de 80kidz ne m’a pas spécialement aidé non plus…
- MASH UP THE WORLD, le nouvel album de MAN WITH A MISSION, m’est lui aussi passé un peu au dessus. Pourtant je l’ai découvert peu après l’excellente prestation du groupe à Japan Expo, en contexte ultra-favorable. Mais l’electro-rock terni par un mixage plat et l’absence d’un ou deux titres qui sortent vraiment du lot finalement très homogène du CD ne m’ont pas permis de rentrer dedans, d’individualiser les morceaux. Reste la valeur sûre qu’est distance, et une galette globalement taillée pour le live qui ne fait que renforcer l’impatience en vue du prochain concert du groupe dans l’Hexagone, annoncé pour début mars 2013 !

 

Les gros ratés : Tommy et BoA

A part cela, deux vraies déceptions me viennent à l’esprit. Tout d’abord l’E.P. HALLOWEEN ADDICTION de Tommy february6 / Tommy heavenly6, au concept commercial complètement pourri qui recycle sans vergogne plusieurs singles éculés pour ne livrer qu’un seul véritable inédit pas franchement passionnant : un comble alors que Tommy jouait clairement à domicile sur la thématique de Halloween. Ce CD est à la limite du scandale, et ne mériterait qu’une chose : qu’on prenne une Tommy pour taper sur l’autre. Très fort, histoire de remettre un peu de chaos dans cette schizophrénie qui tend à s’ordonner bien trop à mon goût. Et puis pour faire une petite incartade du côté du pays du matin calme, je citerai le dernier album coréen de BoA : The One. Le disque, artificiellement rallongé de pistes instrumentales, est très court et très faible. En dehors de The Shadow qui tire vaguement son épingle du jeu dans une veine RnB d’inspiration Michael Jackson classique mais correcte, le CD est chiant comme un discours fleuve de Bachar El Assad sur une TV sans son. Non seulement il ne se passe pas grand chose, mais c’est musicalement daté, et le plus navrant est que ces compositions serviront vraisemblablement de base au retour de BoA en terres nippones… Saura-t-elle éviter ce qui s’annonce comme un épouvantable gâchis ?

 

Pour terminer sur des notes positives : Hemenway et l’album SHE LOVES YUI

Pour revenir aux invités de Japan Expo, mentionnons encore le mini-album Welcome to the other side de Hemenway, très convaincant  avec notamment une reprise (qui tient carrément de la réinvention) du Dream Fighter de Perfume. Le disque est assez brillant dans un registre rock définitivement maîtrisé, parfois imprévisible, parfois plus téléphoné mais très soucieux du détail. Mon seul regret est… de ne pas avoir trouvé d’angle sous lequel l’aborder, de ne pas savoir comment en parler pour en livrer une critique intéressante.

Pour finir, un (petit) coup de coeur pour l’album SHE LOVES YOU, composé de reprises des titres phares de la discographie de YUI. Le disque regorge de bonnes surprises, à commencer par une jolie version revisitée de LIFE par le collectif Goosehouse dont j’ai déjà eu l’occasion de vanter les mérites. Révélation aussi avec la petite voix aigüe très touchante de la chanteuse de joy, qui reprend le premier single de YUI, feel my soul. Dans l’ensemble l’album est assez frais, et m’a donné envie de me replonger dans la discographie de YUI, notamment ses premiers disques. La sortie du double best-of de la chanteuse m’a d’ailleurs facilité la tâche, mais comme je ne désespère pas de lui consacrer un billet complet, je n’en ferai pas mention ici. Et puis histoire de me mettre un peu la pression, j’annonce également mon intention de chroniquer l’album 4 COLORS des SPEED, leur premier opus original depuis leur grand retour il y a déjà quelques années. Promis, ça va venir !

 

Voilà donc ce que je vous ai épargné l’an passé… Autant d’énergie et d’inspiration préservées pour 2013, pour le meilleur (espérons-le) et (ça je n’en doute pas) pour le pire ! D’ici là, bonne année à tous, et merci pour votre fidélité !

7 Commentaires

  1. Pavel

    Chouette article, qui arrive au bon moment
    Il va me permettre de me rattraper sur ce que j’ai loupé en 2012.
    Notamment Daichi Miura et Mai Kuraki.
    Et tu m’as donné envie d’écouter l’album des reprises de YUI

  2. Maître K

    Ben pour moi l’album de Leo Ieiri est clairement LA réussite de cette deuxième moitié de 2012. Ca faisait bien longtemps que je n’avais pas été capable d’écouter entièrement et plusieurs fois de suite un album de pop-rock japonais. Évidemment, sur l’année, mon coup de cœur va sans hésiter à Aya Hirano et son album Fragments qui prouve une fois de plus que la vraie bonne jpop n’est pas toujours à chercher du côté des grosses productions commerciales!

  3. Tom

    T’as réussi à accoucher de ton non-bilan finalement. ^^

    J’ai quelques CD à écouter du coup.
    Vivement ta critique de l’album de SPEED, que je rigole. :p

  4. Gin Louisa

    Merci à toi pour le temps que tu prend à nous donner ton avis sur des sorties, plus ou moins connus. A faire des comparatifs sympa qui font sourire (je pense à Nakano là =p).

    Depuis Mikan je te suivais, avec Van et les autres et c’est avec cette équipe que j’ai découvert de nouveaux artistes, que j’ai aimer ou moins aimer.

    Merci encore et bonne continuation par la suite !

  5. meg

    QUOI ? MAN WITH A MISSION revient en France et j’étais même pas au courant ! N’ayant pas pu aller à Japan Expo l’année dernière, c’est sur et certain que je vais pas les louper cette fois !

    Très bon article sinon. J’avais trouvé bizarre que tu ne parles pas de l’abum de Leo Ieiri vu que tu avais été plutôt emballé par Sabrina. Dommage qu’il fasse partie de tes petites déceptions, pour moi ça a été une des bonnes suprises de l’année

  6. Saco Loshi

    Je rêve? Il a bien dit du mal de Namie?

    • Shito

      T’es bien placé pour savoir que je ne suis pas toujours très tendre avec elle hein
      J’en attends le meilleur, et Damage est pas assez flex and saucisse à mon goût !

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