Retour sur le dernier concert de Hikaru Utada

Bon ben finalement, Hikaru Utada, encore, et oui ! Le mois de décembre sera consacré aux popstars old school ou ne sera pas, puisque j’aurai sans doute l’occasion de parler, entre autres, du DVD live de Namie Amuro, et de l’album d’Ayumi Hamasaki prévus pour les prochaines semaines… En attendant, un petit mot sur le concert d’Hikki, diffusé en live sur USTREAM mercredi pour le plus grand plaisir des plus de 60.000 fans connectés !

Pour ses deux derniers concerts avant un break d’une durée indéterminée, qui sont aussi ses premiers concerts japonais depuis la fabuleusissime tournée 2006, Hikki a opté pour une scène centrale, qui lui permet d’être vue et proche d’un maximum de gens dans le public. Une configuration qui a sans doute permis au plus grand nombre de spectacteurs de profiter au mieux du concert, mais qui n’est à mon goût vraiment pas idéale pour une retransmission vidéo. J’avais d’ailleurs déjà eu quelques réserves sur une prestation de L’Arc~en~Ciel au Tôkyô Dome ou je ne sais où dans des conditions similaires. Cet agencement fut pour moi l’un des deux principaux défauts de ce concert, l’autre étant la qualité de la prestation vocale d’Hikki, franchement à côté de ses pompes pendant une bonne partie du show.

Pourtant la  setlist avait fait l’objet d’une sélection séduisante, mêlant les nouveaux morceaux et les classiques avec quelques titres beaucoup plus inattendus (Take 5, Letters, BLUE, Niji-iro BASU…), et aurait pu donner lieu à un concert de toute beauté. Au lieu de ça, bien sûr le moment était agréable, et on ne va pas bouder son plaisir d’avoir le droit d’y assister en live, gratuitement, et en bonne qualité qui plus est. Mais j’avoue une pointe de déception tout de même…

Une prestation en demi-teinte…

Comme je le disais, le 1er bémol va donc à la configuration des lieux. Pas de grands écrans lumineux, pas de mise en scène, pas d’effets, pas vraiment de spectacle en fait. Juste Hikki, dans une robe rappelant celle du clip de Passion, qui tourne en rond comme lionne en cage sur les bords de sa grande scène au milieu de laquelle sont réunis les musiciens. Elle observe le public, sans pouvoir prendre de point fixe, focaliser son attention, son énergie. Et puis au fil du concert, elle regarde de plus en plus souvent ses pieds, tourne sur elle-même, erre un peu…

Le deuxième bémol découle en partie du premier : Hikki a visiblement beaucoup de mal à rentrer physiquement dans son concert. Et sa performance vocale s’en ressent clairement, en particulier sur les premières chansons : la voix de la chanteuse n’est pas chaude, vraiment pas assurée. Elle tremblote sur Goodbye Happiness, se rate complètement sur les aigus de Take 5… Il faudra un certain temps pour que, consciente de ses faiblesses, Hikki redouble d’efforts, se reconcentre un peu, et compense par une émotion mieux rendue, une interprétation plus convaincue et convaincante sur des titres comme COLORS ou Letters. D’une manière générale la qualité du chant restera tout de même très passable, avec notamment un massacre complet de l’intro de Hikari en fin de concert. Pour ma part, ma plus grosse déception restera l’intérprétation très plate de Show Me Love : j’attendais beaucoup des refrains assez explosifs, mais Hikki n’a pas su se lacher comme il le fallait, annihilant complètement le potentiel de la chanson. Même constat pour Passion, dont le rendu devait toutefois être bien meilleur depuis la salle avec une voix résonnant probablement moins distinctement du reste de l’accompagnement.

…mais tout de même, quelle grande artiste !

Pour autant tout n’était pas à jeter, loin de là ! A commencer par les arrangements live, vraiment excellents, à la faveur d’une team de musiciens très riche : deux synthés, un programmeur, un DJ, et bien sûr le trio guitare/basse/batterie complété par un ensemble de cordes. De quoi assurer une vraie diversité dans les rendus et une réorchestration bienvenue de certains titres : un COLORS très solennel sur cordes, une version plus planante de Letters, une autre plus pop-rock de Beautiful World… Hikki nous a également fait l’immense plaisir de nous épargner le synthé discount qui trône dans sa chambre au bénéfice d’un piano à queue très appréciable. Ce qui a permis d’assister à plusieurs bonnes surprises :  un Hymne à l’Amour, aux paroles 100% japonaises interprétées avec conviction, et débarrassé des arrangements jazz complètement ratés de sa version studio; un SAKURA DROPS épuré lui aussi très réussi; un STAY GOLD simple et plaisant, plus léger et plus adapté à la configuration live que sur le CD; ou encore First Love qui aurait gagné à se limiter au piano-voix car je l’ai trouvé un peu gâchée par l’arrivée bizarrement brouillonne des violons.

Autre bon point : la personnalité de l’artiste, toujours aussi authentique, toujours aussi proche de son public, toujours aussi éclectique aussi. Hikki communique beaucoup avec la foule (elle semble avoir une affection particulière pour le mot « Bonjour », en français dans le texte !), et va même jusqu’à s’avouer fatiguée… avant de demander aux spectateurs de l’aider à chanter sur Boku wa kuma, résultant en 2mn complètement surréalistes ! Relativement à l’aise sur ses premiers titres à la tessiture globalement plus grave, Hikki offre une prestation plus relâchée et plus convaincante sur Automatic. Bizarrement ce n’est qu’au moment du rappel que l’artiste aura enfin récupéré toute sa voix. On la retrouve ainsi à la guitare pour une reprise d’Across The Universe des Beatles un peu monocorde mais très bien exécutée, avant d’enchaîner sur le plus beau moment du concert : Can’t Wait ‘Til Christmas, en piano-voix, sans prétention mais tout simplement magique. Le spectacle s’achève sur une des toutes premières chansons d’Hikki : Time Will Tell, là aussi quasi-parfaitement interprétée, dans une version très fidèle à l’originale sortie il y a 12 ans jour pour jour.

Après avoir à plusieurs reprises durant le concert résisté aux clameurs du public qui semblait n’attendre qu’une chose : des sanglots, Hikki s’offre une sortie très digne, loin des grandes effusions braillardes auxquelles d’autres ont pu nous habituer. Un tour de scène pour saluer tout le monde, et elle s’engage sur le podium menant aux coulisses. Elle s’y arrête régulièrement pour faire signe à la foule, puis se prépare à s’engouffrer dans l’obscurité. Elle fait alors face au stade, s’incline, sourit, se retourne, et disparaît, tout simplement. Le lendemain pour son ultime concert, le scénario sera le même, à un détail près : Hikki n’arrivera cette fois pas à retenir ses larmes !

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