Quand le marché Jpop rattrape l’actualité politique nippone…

La coïncidence est amusante, et n’en est d’ailleurs peut-être pas une. On apprend aujourd’hui la démission du premier ministre japonais Yukio Hatoyama, une décision notamment précipitée par la crise politique consécutive à sa décision de maintenir la base américaine de Futenma à Okinawa, en dépit de ses promesses électorales. Dans le même temps, Victor Entertainment dévoile le clip du nouveau single de la chanteuse Cocco, Nirai Kanai, qui comme son titre l’indique est très fortement imprégné de la culture traditionnelle de l’archipel de Ryukyu. L’occasion de la présenter à ceux d’entre vous qui ne la connaissent pas encore, et de proposer une minute culturelle en passant !

Ce n’est pas la première fois que Cocco, née sur l’archipel de Ryukyu, valorise ses origines. C’est même devenu un des ingrédients d’inspiration de ses travaux depuis son retour en 2006. L’artiste a connu un joli succès entre 1996 et 2001 avec ses premiers albums, dans un registre rock à l’atmosphère assez sombre et chargée. Après avoir annoncé soudainement sa retraite en 2001 (on supposera plus tard que c’est à cette époque qu’elle a accouché de son premier enfant), l’artiste apparaît tout de même sporadiquement sur de petits projets caritatifs ou collaboratifs. Et c’est dans le cadre d’une collaboration avec le groupe Quruli, intitulée Singer Songer, que Cocco fait son retour, fin 2004 : ensemble, Cocco et Quruli donneront naissance à un album classé 3ème au top Oricon. En 2006, la chanteuse fait son retour en solo avec deux nouveaux singles (dont le sublime Hi no terinagara ame no furu) et un album, rapidement suivi par un deuxième. Cocco semble avoir changé, et ce changement est de plus en plus perceptible dans ses activités artistiques : l’artiste s’engage pour les causes environnementales, ainsi que pour la promotion de sa région d’origine. Elle livre également des chansons plus joyeuses, beaucoup moins sombres, et plus imprégnées d’influences éthniques.

Le nouveau single de Cocco, le premier maxi-single de l’artiste en 2 ans et demi, sortira le 9 juin, et s’intitulera Nirai Kanai (disponible sur CDJapan et Yesasia). Ce terme désigne un endroit mythique dans les traditions de Ryukyu, en quelque sorte le point d’origine de toutes choses : le groupe MAX, lui aussi originaire d’Okinawa, avait d’ailleurs déjà attribué ce titre à une de ses chansons il y a quelques années. Le single de Cocco est une piste pop-rock de composition assez formatée mais bien emmenée, riche en guitares, que Cocco interprète le sourire aux lèvres, comme elle en a l’habitude depuis quelques années. Le principal intérêt de cette chanson, c’est toutefois l’inclusion de nombreux éléments du folklore traditionnel d’Okinawa, tant dans les arrangements que dans le clip du titre. Et autant j’avoue être un peu agacé par le côté très cliché du slogan « le Japon, entre tradition et modernité », autant je dois avouer que cette video en est une illustration parfaite.

Le PV présente ainsi une troupe de danseurs exécutant un eisa, danse traditionnelle réalisée par des hommes en costume jouant du taiko. Le résultat est particulièrement esthétique et se marie étonnamment bien avec l’instrumentation pop-rock on ne peut plus standard du morceau. On retrouve aussi et surtout dans la chanson le célèbre « Ha iya sasa! », un kakegoe (interjection traditionnelle) spécifique très présent dans le folklore de l’archipel, et dont l’utilisation est assez courante dans les travaux d’artistes Jpop majeurs originaires d’Okinawa. Vous avez pu l’entendre, par exemple, sur les derniers refrains de la chanson Kizuna d’ORANGE RANGE, mais aussi sur Yuimaru ~ Asadoya Yunta de Rimi Natsukawa, ou encore dans le final de la chanson NEVER END de Namie Amuro, tel qu’elle a été présentée en live au G8 d’Okinawa en 2000, devant les plus grands dirigeants mondiaux de l’époque qu’étaient Bill Clinton, Jacques Chirac, Vladimir Poutine, Gerard Schroeder, Tony Blair…

Pour finir, deux petites vidéos rétrospectives pour découvrir un peu plus cette artiste exceptionnelle dont je suis fan de longue date : la première est l’excellent Hoshi ni negai wo, un morceau rock onirique de la première partie de carrière de l’artiste; et la seconde une version live du fameux Hi no terinagara ame no furu dont je parlais plus haut, tout simplement magique. J’ai eu plusieurs fois confirmation du fait que les responsables du label Victor Entertainment, désireux de surfer sur le succès de KOKIA en France, seraient très ouvert à l’idée d’exporter Cocco en Europe. Il ne tient donc qu’à nous de leur faire savoir qu’il existe une attente commercialement viable pour cette auteur-compositeur-interprète dont les concerts sont tous plus envoûtants les uns que les autres !

Partagez et article avec vos amis !