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Past
27 décembre 2009 6 Commentaires

CDJapan fait des miracles, moi pas. Le nouvel album de Namie Amuro m’est arrivé par la poste le jour même de sa sortie officielle au Japon, et il m’a fallu plus d’une semaine pour trouver le temps de vous en parler, après m’être promis de me taire jusqu’à écoute totale du CD. Pourtant je sais que ce billet était attendu comme la dinde de Noël par quelques uns de mes fidèles lecteurs, qui pour rien au monde ne manqueraient un nouvel épisode de mes élucubrations ridicules de fan transi ! Il faut dire que depuis que j’ai osé attribuer un clinquant 10/10 à l’album Queen of Hip-Pop de cette même Namie il y a quelques années, ma crédibilité est anéantie à tout jamais (RIP, snif). Tout ce que j’ai pu dire par la suite, en particulier sur les derniers DVD live de l’artiste, n’y changera rien. Aussi c’est le coeur plus léger que jamais que je m’en vais vous livrer mes impressions dans le détail sur ce tant attendu nouvel opus de la nouvelle Reine de la Jpop (troll inside) !

Pour commencer, un mot sur la promo, le marketing, tout ça. Nan parce que sur ce coup Namie, elle se la pète quand même joyeusement… Certes on n’ira pas se plaindre d’avoir droit à 10 inédits sur le CD, mais tout de même : quelqu’un peut-il me rappeler la dernière fois qu’une star d’avex a sorti un album porté par un seul single préliminaire ? Non seulement ça, mais figurez-vous qu’en plus Past sort sans que Namie ait daigné montré sa tronche dans quelque émission TV que ce soit; d’ailleurs il me semble qu’elle n’avait pas fait de promo TV non plus pour le single WILD/Dr., ça fait donc facile un an et demi que la chanteuse snobbe joyeusement les shows TV auxquels certains donneraient un rein pour avoir le droit de s’y faire taper sur la tete par un animateur grincheux. Même les émissions de fin d’année ont reçu une fin de non recevoir, toutes, sans exception. Non non, en dehors d’un ou deux passages radio, Namie se contente de faire la belle à la une des magazines, et pour le reste regarde tranquillement des DVDs dans son salon avec son fiston en attendant de se remettre au boulot pour préparer son prochain congrès fitness la tournée suivante, qui s’annonce plus colossale encore que la précédente. C’te luxe…

Pourtant loin de lui en vouloir, les media font à Namie une promotion du tonnerre, relayant bruyamment le moindre communiqué de presse, la moindre petite info, le moindre petit bout de visuel. L’artiste est à ce jour, de très loin, la popstar qui reçoit le meilleur traitement, moult commentaires élogieux s’additionnant aux simples faits, là où Ayu et autres Kumi Koda se contentent du minimum syndical et courent les plateaux TV pour continuer à exister. Niveau comm avex et Vision Factory ont mis le paquet et déployé une stratégie char d’assaut. Les CMs Vidal Sasson ont permis de créer une attente très en avance grâce à deux extraits inédits. Puis un bout d’image intrigante où Namie semblait déchirer le poster de la compilation BEST FICTION. Et puis quatre nouveaux titres, dévoilés au rythme d’un par semaine par l’intermédiaire de leur clip video, le dernier s’offrant le luxe d’un featuring avec l’univers GUNDAM. Et puis le titre de l’album et sa jaquette définitive aussi, confirmant le concept du CD : Past, autrement dit oubliez tout ce que j’ai fait jusque là, je le déchire en deux et passe à autre chose. Le concept est chouette, dommage que la photo soit loin d’être terrible. N’oublions pas non plus l’annonce d’une nouvelle tournée, la plus longue jamais entreprise par la chanteuse, prête à faire tenir toute sa clique de danseurs dans la cave de votre jardin si ça peut lui permettre de rentrer dans le livre des records. Le tableau aurait pu être noirci par cette fameuse histoire de plagiat sur fond de guerre d’influence nippo-coréenne, mais même pas : en dehors d’un ou deux tabloïds en mal de sensation, la presse a fait barrage afin de préserver la poule aux oeufs d’or. Je soupçonne quand même avex d’avoir envoyé Kumi Koda et misono remercier en personne un ou deux grands patrons très influents pour assurer le damage control…

A part ça parlons un peu du contenu, quand même… La révolution annoncée n’est clairement pas là : on retrouve ici la plupart des collaborateurs habituels de l’artiste, et des tendances dessinées précédemment se confirment sur cet album, bien plus qu’il n’en naît de nouvelles. Pour autant, Namie s’est clairement donné les moyens de ses ambitions renouvelées, et un premier constat s’impose : Past est vraiment très bien produit. Ce qui est intéressant, c’est que pour la première fois la patte des producteurs se devine beaucoup moins dans les différents morceaux, tous passés à la moulinette de l’ambiance globale. En particulier le côté bordel généralisé mélange des genres bourré d’effets un peu cartoon des arrangements de FUNKY TOWN, WoWa ou encore Hide&Seek (choix artistique clairement imposé par Namie) se retrouve sur plusieurs titres de Past, tous producteurs confondus. Ainsi FAST CAR dans un registre pop/RnB teinté de cuivres un peu jazzy, où Namie s’autorise même un petit scat en passant, assure plutôt bien dans son rôle de piste d’ouverture. COPY THAT joue également sur un petit côté retro au parfum 60’s, modernisé par une touche de synthés; le refrain est particulièrement catchy, avec des paroles très éloquentes sur la façon dont les japonais empruntent les concepts pour se les approprier et créer la mode. Quant à Dr. que l’on connaît depuis quelques mois, il n’est plus besoin de présenter cette improbable mixture Bourgeois Gorgeous présentée comme une ballade electro dramatique inspirée du Bolero de Ravel (sic); dans les faits, une expérimentation brouillonne pondue par Nao’ymt à laquelle j’avoue n’avoir vraiment pas accroché. Pas plus d’ailleurs qu’à la « sequel » qu’est Defend Love, un morceau electro-ambient aux sonorités un poil retro et à la composition qui se veut progressive, sinon épique : certains aimeront sans doute d’emblée, pour ma part je ne suis pas touché.

Namie n’oublie pas non plus ses racines Dance/RnB, avec notamment un LOVE GAME excellent, où le phrasé des paroles pondues par DOUBLE colle parfaitement à la routine répétitive et hypnotique imaginée par la team de SA Trackworks; mention spéciale aux bonnes basses, qui confirment que l’album est vraiment à écouter sur une installation sonore digne de ce nom pour être apprécié à sa juste valeur. Bad Habit évoque un peu l’atmosphère de l’album STYLE avec un refrain assez entêtant; on notera que la piste est produite par une team scandinave également à l’origine du titre L’accalmie sur le dernier album de Lorie, info capitale s’il en est. Steal my night par contre tombe un peu à plat; dommage parce que le mariage entre les mélodies arabisantes et les sonorités electro était plutôt bien pensé. La présence beaucoup plus massive d’ingrédients electro est d’ailleurs probablement la principale nouveauté par rapport aux précédents opus de l’artiste. Ainsi même un titre comme FIRST TIMER, à l’atmosphère résolument urbaine qui rappelle énormément l’album de SUITE CHIC, fait un usage intensif des synths. La collaboration avec DOBERMANN INC. qu’on aurait pu espérer super charismatique, rate complètement cet objectif, mais le morceau se rattrape par une composition sacrément audacieuse, qui à défaut d’apporter de l’efficacité au CD lui ajoute une touche qualitative bienvenue. Pour l’efficacité il faudra aller chercher du côté de WILD, petite bombe hip-hop electro dont je ne me suis toujours pas lassé, en dépit de ses paroles « flex and saucisses » tirées de la méthode « j’apprends les parties du corps en engurish avec Namie ».

Past a finalement pas mal de choses en commun avec STYLE, dans la recherche d’une nouvelle identité, mêlant un côté un peu expérimental avec une efficacité probante, et une certaine variété aussi. D’ailleurs là où STYLE avait sa chanson pop-rock (souvenez-vous de l’excellent As Good As, une compo qui avait la particularité de figurer aussi sur l’album des WhatFor), Past présente également la sienne : Shut up. La surprise est double : non seulement le morceau est absolument excellent, confirmant que Namie n’a rien perdu de son talent pour la soupe commerciale comme elle nous en a servi pendant des années, mais en plus il est produit par Nao’ymt, qui est décidément vraiment capable du meilleur comme du pire. A l’inverse, à la première écoute de MY LOVE j’aurais juré qu’il en était l’auteur, mais il n’en est rien : le responsable de cette infâme ballade electro R&B prout prout sans âme s’appelle HIRO, et je ne m’y attarderai pas davantage, dans l’espoir qu’on l’oublie au plus vite. Reste que là où STYLE avait sa ballade-fleuve, Past a également la sienne : The Meaning of Us, jolie sans être spécialement déchirante au premier abord, la faute à un débit de paroles peut-être un peu trop élevé pour une rythmique très low tempo. Mais au fil des écoutes la chanson finit par très bien rentrer dans la tête, ce qui est déjà pas mal : après tout on sait bien que Namie n’est clairement pas une chanteuse de ballades née.

Les videos pour terminer. Je n’ai pas franchement été passionné par l’ambiance costumes/froufrous et tout le tralala du PV de FAST CAR, mais le tout est suffisamment bien filmé pour offrir à la choré d’ensemble un rendu décent, c’est déjà ça. A l’inverse, le clip de LOVE GAME dégage une atmosphère futuriste assez classe, avec une Namie plus « fierce » que jamais (sacrée performance avec une veste leopard aussi hideuse) à qui les cheveux courts vont plutôt bien : dommage que son contrat avec Vidal Sassoon lui interdise de les couper, on sait qu’elle en rêve… Petit bémol quand même : les scènes de dance battle sont un peu légères, mais la chorégraphie de groupe finale tient bien la route. J’avais déjà exprimé mon scepticisme quant au clip de WILD et ses effets ridicules, ainsi que ma frustration envers cette choré d’inspiration trop Janet Jacksonienne à mon goût. Mais après coup j’ai peut-être été un peu sévère, ce clip n’est franchement pas aussi mauvais que j’ai pu le dire. Pour ce qui est des deux PVs en animation, ce sera sans moi, je n’adhère pas : quand on est aussi jolie que Namie, on ne peut pas décemment sortir une video sans y montrer sa tronche. La preuve avec The Meaning of Us, une video où il ne se passe strictement rien et où l’artiste se contente d’être incroyablement mignonne. Et ça marche : le PV a tourné en boucle sur mon écran pendant des heures à sa sortie, effet hypnotique assuré.

Bilan ? C’est pas un sans faute, mais le virage vers un son plus electro est réussi (ce qui n’a pas été donné à tout le monde dernièrement), un petit renouveau artistique se dessine et devrait permettre à l’artiste de s’amuser sur scène comme elle l’entend (à défaut d’amuser ceux qui comme moi préfèrent les routines de danse bétonnées aux tableaux où c’est la mise en scène qui prime), l’album est varié et diablement bien produit, et le succès commercial est déjà probant puisqu’en une semaine l’album s’est écoulé à plus de 300.000 exemplaires. Sans aucune TV Namie est déjà certaine d’exploser les chiffres de ventes de ses principales consoeurs chez avex. Il y a quelques années que le marché ne brasse plus suffisamment de volume pour que le titre de Reine de la Jpop signifie encore quelque chose. Mais indubitablement, Namie Amuro est aujourd’hui redevenue l’artiste féminine n°1 dans l’archipel. A 32 ans, c’est une bien belle performance après un parcours aussi semé d’embûches, et dans un pays où les popstars affichent depuis toujours une date de péremption plafonnée à l’âge de 25 ans… Reste que voilà Namie partie pour une nouvelle tournée qui l’occupera pendant tout le reste de l’année, si bien qu’on ne devrait pas la voir beaucoup dans les prochains mois. Les sorties CD vont rester rares, mais tant pis, ce qui est rare est cher, et tant que ça reste bon, il n’y aura pas lieu de se plaindre. C’est peut-être ça finalement, la recette de la longévité  : savoir se faire désirer !


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6 Commentaires »

  • Van a dit :

    Ah enfin, je l’attendais ce post là !
    Bon je ne suis pas fans de l’artiste, cela dit, j’ai téléchargé l’album à sa sortie, je l’ai rapidement écouté, ce n’est pas forcément déguelasse, ça reste du RnB plutôt correct. Après le passage à l’électro est quand même pas encore très abouti, ça reste vraiment du pure RnB. Cela dit je préfère comme toujours le RnB US que Japonais.
    Mais bon bravo pour les ventes… Elle a vendu plus d’album en une semaine que le dernier Ayumi depuis 6 mois !

    • pavel a dit :

      Moi aussi je m’étonnais de ne pas encore avoir vu ce post, et je l’ai dévoré.

      Lorsque j’ai commencé la J-musique, Namie au départ ne m’avait pas tellement fait impression, je l’avais même carrément zappé. C’est avec la sortie de PLAY, que je m’y suis réintéressé, et aujourd’hui PAST

      Globalement, je trouve tout l'album excellent, seul Steal my Night ne m'a pas convaincu.

      Par contre, j'ai totalement accroché, contrairement à ta critique, à Dr. certes c'est brouillon, mais c'est pour ça que j'aime, ça part dans tous les sens, et la piste donne l'impression d'un collage de plusieurs chansons différente. My love n'a rien d'extraordinaire non plus, mais je l'apprécie tout de même, plus que Steal my Night.

      "Certes on n’ira pas se plaindre d’avoir droit à 10 inédits sur le CD"
      Surtout quand on se pas mange 3 interludes! et là vous savez de qui je parle.

      "C’est pas un sans faute, mais le virage vers un son plus électro est réussi (ce qui n’a pas été donné à tout le monde dernièrement)"
      J'ai directement pensé a Kumi qui nous offre plus grand-chose d'intéressant depuis qu'elle fait du pseudo électro a la physical things et autre piste insignifiante.

      • Ryo a dit :

        Je suis toujours pas fan de ce qu’elle fait, à part une chanson de temps à autre, mais très bonne critique. Intéressant et sympa à lire ! :)

        • pako75 a dit :

          Ah moi aussi j’attendais ce post et bien franchement tout est tres jusye dans ce que tu as écrit msauf pour Defend Love qui est quand meme largement mieux que Dr (j’aime que le refrain en fait!!lol) et j’attend de voir ce que cette chanson va donner sur scene en esperant pouvoir voir ca de mes propres yeux car je serai au Japon en Juin durant son pasage a Tokyo!!lol

          • balsa a dit :

            C’est bien fait, c’est pro mais ça me gave… ta critique donne envie d’en remettre une couche dans les oreilles mais bon, je viens de me refaire deux clips là et ça ne m’enthousiasme pas. :(

            • CeReS a dit :

              Je rejoints un peu le post de pavel, avant PLAY je ne m’intéressais pas à la miss. J’ai donc découvert sa discographie à ce moment et je pense que c’est l’album QOHH qui ressort vainqueur.

              Pour Past

              Pour le reste l'album s'écoute bien, a de très bonnes chansons, d'autres moins (je citerai Dr à laquelle je n'ai pas accroché, First Timmer qui est décidément trop brouillonne et Steal my night qui n'est pas bien exploitée xD)

              En tout cas, entre toutes les sorties mornes du moment, cet album est le bienvenu!

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