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Le Japon, premier marché mondial de la musique sur support physique !

10 avril 2012 4 Commentaires

C’est fait ! Deux ans que j’annonce, lors de mon bilan annuel des chiffres de la Recording Industry Association of Japan, l’imminente passation de pouvoir entre les Etats-Unis et le Japon à la tête des ventes de disques mondiales. Le traditionnel yearbook publié par la RIAJ le 29 mars dernier a fini par confirmer cette hypothèse avec les statistiques mondiales de l’INPI pour l’année 2010, lesquelles couronnent officiellement le Japon comme premier marché au monde de la musique… sur support physique (audio et video musicales) du moins.

Les chiffres du marché intérieur : la production musicale japonaise

Mais avant de revenir sur ce point, un petit tour comme chaque année du côté des chiffres du marché intérieur nippon pour l’année 2011. En dépit de la performance mentionnée plus haut, la production d’enregistrements audio enregistre une nouvelle baisse avec 200 millions d’unités (-5%), tandis que les supports videos se refont une petite santé après une chute l’année précédente (60 millions d’unités soit +29% par rapport à 2010). Le marché du téléchargement s’érode également nettement avec une deuxième année consécutive de baisse : -17% à 367,3 millions d’unités vendues. En valeur, la production d’enregistrements audio baisse de 6%, tandis que les recettes sur les videos prennent seulement 20% à la faveur d’une baisse du prix moyen du DVD; le téléchargement légal lui perd 16% de recettes à 72 milliards de yens. En termes de part du chiffre d’affaires global, la vidéo prend 4pts pour peser 20% des recettes globales, tandis que le téléchargement perd 3 points à 20% également, et que les supports audio sont quasi-stables à 60%. Le valeur de la production des supports physiques audio+video s’élève donc à 281,85 milliards de yens, en baisse pour la 13ème année consécutive (-1%), en dépit d’une légère hausse de la quantité produite (+1%) pour la première fois depuis 6 ans, ce qui conforme la légère tendance à la baisse des prix. Téléchargement inclus, la valeur de la production perd 4% par rapport à 2011 pour un total de 353,8 milliards de yens.

Dans le détail pour les supports physiques, le CD single confirme sa reprise amorcée l’an dernier grâce notamment aux succès des AKB48 et des groupes de la Johnny’s Jimusho, avec une nouvelle hausse de 23% à 62,4 millions d’unités produites pour une valeur de 43,2 milliards de yens (+16%). Les albums enregistrent une baisse de 14% avec 134 millions d’unités mises sur le marché pour 11% de perte de valeur à 165,3 milliards de yens. Du côté des vidéos, à noter une forte progression du support Blu-Ray qui multiplie par 3,5 son volume de production (2 millions d’exemplaires) et par 2,9 la valeur de la production à 6,14 milliards de yens.

Du côté du téléchargement légal, Internet accélère relativement sa progression : +23% d’unités vendues, soit 61 millions pour un chiffre d’affaires de 12,57 milliards de yens en progression de 24%. Ceci représente aujourd’hui 17% de la part de marché du numérique contre 12% l’an dernier. L’écrasante majorité des ventes se fait toutefois toujours sur téléphone mobile avec 303,76 millions de titres écoulés (-22%) pour 58,337 milliards de yens de recettes. La chute est assez hétérogène sur les différents formats avec une baisse de 34% des téléchargements en chaku-uta, 21% en chaku-uta full, 12% « seulement » en chaku-melo, 17% pour les videos.


La résignation des labels se confirme, mais la variété des sorties ne s’amenuise plus

D’un point de vue un peu moins comptable, sur le plan de la variété des sorties, on confirme la petite reprise du marché single avec 2945 nouveaux titres édités contre 2718 l’an passé (un plus bas depuis 2005). Les éditions d’albums par contre poursuivent leur baisse, 10382 nouvelles références aux catalogues contre 11305 en 2010 et 15054 en 2009. Au rayon DVD musicaux les choses sont quasi-stables : 1220 nouveaux titres en 2011, soit seulement 344 de moins que l’an passé. Tous supports physiques confondus, la part de marché des artistes japonais atteint 67% (contre 63% en 2010), contre 33% de productions internationales. La chute du nombre de nouveaux artistes lancés sur le marché enregistrée en 2010 est enrayée : 361 nouvelles têtes dans les catalogues en 2011 contre 363 l’année précédente. La dynamique générale est toutefois meilleure : 4 albums ont dépassé le million d’exemplaires vendus contre trois en 2010, pas moins de 5 singles contre 1 seul en 2010 (tous signés AKB48), 12 titres en chaku-uta et 3 en chaku-uta full contre respectivement 8 et 2 l’an passé.


Le Japon prend la tête du marché mondial !

Pour finir, les comparatifs internationaux tant attendus, qui annoncent donc que le marché japonais est devenu le premier marché mondial de la musique sur supports physiques en 2010. En dépit d’une baisse de 7,9% en valeur à 4,097 milliards de dollars, le marché japonais prend la tête du classement mondial à la suite d’une nouvelle chute de plus de 22% du marché américain, lequel se dématérialise bien plus rapidement et ne pèse plus que 3,635 milliards de dollars. Avec 32,3 dollars dépensés par habitant et par an le Japon est de très loin le pays dont la population achète le plus de CDs et DVDs, et bien sûr toujours de très, très loin le plus gros consommateur de singles (qui font 7 fois plus de recettes qu’en Allemagne et 30 fois plus qu’aux Etats-Unis !). Le Japon représentait en 2010 plus du quart du chiffre d’affaires mondial de la musique sur support physique (25,4%), les USA suivant à 22,5% devant toujours l’Allemagne (10,6%), le Royaume Uni (8,6%) et la France (6,2%).

Du côté du reste de l’Asie, la Corée du Sud est l’un des rares pays du monde dont le marché est en croissance (+6,4% de recettes à 116,9 millions de dollars). Ceci ne représente toutefois que moins de 3% du CA du marché japonais, aussi il n’est pas étonnant de constater la motivation des labels coréens à sortir de leurs frontières, là où les japonais peuvent encore solidement compter sur leur demande intérieure. Il sera intéressant d’observer si la visibilité accrue des artistes coréens dans les media internationaux en 2011 aura permis de booster les ventes de disques de manière significative… Autre interrogation pour les chiffres de 2011 : cette toute fraîche position de leader acquise par l’archipel résistera-t-elle au marasme qui a suivi le tsunami de mars 2011 au Japon ? Pour le savoir… rendez-vous l’an prochain !

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4 Commentaires »

  • Maître K a dit :

    « Avec 32,3 dollars dépensés par habitant et par an le Japon est de très loin le pays dont la population achète le plus de CDs et DVDs »

    En fait, le pays qui dépense le plus mais pas forcément celui qui achète le plus grand nombre de CD/DVD. Etant donné qu’un album vaut toujours 3000yen (ou plus pour les éditions CD+DVD) contre 15$ aux USA, un américain pourra acheter 2 fois plus de CD pour un même budget. Idem en général pour les prix des DVD. Mais évidemment, ces prix élevés expliquent pourquoi les artistes étrangers font toujours pas mal d’efforts pour promouvoir leurs sorties sur le sol japonais alors qu’ils ne représentent qu’une petite partie du marché. Et j’ai toujours trouvé amusant, lorsque tu vas par exemple chez HMV, de voir côte à côte l’édition japonaise d’un album étranger à 2500yen et l’import US ou UE à 1500yen.

    Après je ne serais pas forcément aussi optimiste que toi concernant la dynamique des ventes de singles. Elle est portée à bout de bras par les AKB et quelques sorties Johnny’s. Cela reste pour le moment des exceptions ponctuelles et, hélas, pas une tendance générale à mon avis.

    • Quorra a dit :

      C’est intéressant, mais à une époque ou la musique se dématérialise de plus en plus, franchement le fait que le Japon soit premier marché mondial de la musique sur support physique a t-il encore une grande importance ? Sachant que le support physique est sans doute appelé à terme à disparaitre.

      • Maître K a dit :

        Ca fait depuis l’arrivée d’itunes qu’on nous promet que le support physique est « mort », mais je pense qu’il se porte encore plutôt pas mal. Personnellement, je ne pense pas qu’il va disparaitre car il y aura toujours des collectionneurs et des gens qui ne font pas trop confiance aux offres virtuelles pour gérer leurs acquis.

        De ce côté, les japonais jouent bien le coup avec des éditions collector / limitées souvent de bonne qualité, ce qui explique probablement pourquoi les japonais seraient plus attachés au support physique que les occidentaux.

        • Tanja a dit :

          Ca ne disparaitra pas car il y a des fous (comme moi) qui ne jurent que par le CD physique. Le vinyl aurait dû aussi mourir et pourtant il en l’ait pas et on peut toujours s’acheter un lecteur de vinyl et bon nombre de CD sortent encore dans ce format.

          Ce n’est pas comme la VHS ou la K7 audio qui ont plus vraiment d’intérêt face aux supports DVD ou bluray.

          Donc ça perdurera mais ce ne seras pas comme « avant » et réservé à des amateurs, collectionneurs et sans doute matérialismes comme moi :D

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