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Critique single : BoA – Milestone

3 janvier 2012 3 Commentaires

La vague kpop qui déferle sur le paysage musical japonais, mais aussi sur toute une génération aux USA et en Europe, est aujourd’hui incontestable, n’en déplaise à tous ceux qui, et moi le premier, n’y voient qu’une machine de guerre certes parfois efficace mais totalement dénuée d’âme. Si aujourd’hui les ambassadeurs du savoir-faire coréen se nomment SNSD, BIG BANG, KARA et autres Super Junior, et si les Tohoshinki font déjà presque office de grabataires dans le coeur des jeunes fans, il ne faut pas oublier que la voie qu’empruntent tous ces groupes a été ouverte il y a 10 ans déjà, par celle qui à l’époque n’était guère qu’une gamine : BoA. BoA qui fait tellement partie des meubles au Japon que l’on n’avait même pas remarqué que son dernier single nippon datait déjà de près d’un an et demi !

BoA, c’est un peu la pionnière, l’éclaireuse, la tête chercheuse de l’industrie kpop dans le reste du monde. Mais pour le coup, la légitimité de ce fer de lance n’est plus à remettre en question depuis longtemps. Plus que ses prestations de chanteuse, c’est son talent pour la danse qui impressionne depuis de longues années, donnant lieu à des performances d’une qualité exceptionnelle. Un bémol toutefois : les productions coréennes de BoA, plus urbaines, plus techniques et plus avant-gardistes, ont souvent été plus probantes que celles destinées au marché japonais, où malgré quelques tubes pop à son actif la chanteuse a été profondément desservie par des choix artistiques qui la réduisaient au rang de mini-Lorie. Oui oui.

Un retour artistique réussi… mais trop tard ?

Bien qu’il n’ait pas été le carton que certains espéraient, l’album américain de BoA a su s’attirer les faveurs de la critique et d’un public de connaisseurs, si bien qu’on ne pourra pas parler d’un flop à la hauteur de ceux d’Utada. Le retour coréen de la chanteuse n’a par contre pas été à la hauteur des attentes :  5 ans après son opus précédent, HURRICANE VENUS déçoit un peu par un son très froid, et la profusion nouvelle de la concurrence noie un peu ses performances commerciales dans la masse. Quant au Japon, le fait est que BoA n’y engrange guère plus que de vagues succès d’estime depuis déjà plusieurs années. La vague kpop a toutefois changé sensiblement la donne. Ainsi pour la promotion de son nouveau single, Milestone, la chanteuse a été accueillie auréolée d’un nouveau statut : celui de « senpai », d’aînée respectée de tous ces groupes qui arrivent en masse en provenance du marché coréen. Les interviews se multiplient, donnant l’occasion à BoA de surclasser ses compatriotes dans sa maîtrise de la langue japonaise, qu’elle a eu le temps de perfectionner depuis longtemps. Résultat : un capital sympathie au top, qui ne suffit toutefois pas : Milestone est une débandade commerciale totale. La sortie  sous le statut de « DVD-single », pourtant accompagné d’un CD, aura toutefois sans doute contribué fortement au gadin.

En dehors de cette histoire de DVD, avex, qui aurait récemment renouvelé pour 5 ans le contrat de BoA, avait pourtant assez bien joué le coup. La chanteuse revient en effet avec sobriété, et sa communication renvoie une image tout sauf agressive. Tout est fait pour rappeler sans le dire la légitimité de BoA au Japon, son adoption entérinée de longue date, ainsi que son statut d’adulte. Bien évidemment Milestone est une ballade emblématique, un choix stratégique parfaitement pertinent. Et outre un I SEE ME assez anecdotique dans l’exploitation du fond de commerce ballade RnB, la chanson est couplée à la resortie de l’un des titres les plus populaires de l’artiste : MeriKuri, sans doute ce qu’il y avait de mieux en cette période de Noël pour rappeler la discographie de BoA au bon souvenir du public nippon.

Mieux encore : Milestone s’avère être une très bonne surprise. Une ballade chantée  relativement bas, accompagnée au piano avec simplement quelques choeurs par endroits, un synthé discret, un jeté de poudre magique par-ci, un coup de cymbale par là, un roulement de tambour pour marquer l’entrée dans le refrain, et c’est tout. Le thème principal est particulièrement réussi, l’interprétation est très intériorisée, jouant pleinement la carte de l’émotion, et la mélodie des couplets s’attire l’adhésion immédiatement par ses notes familières. Familières, oui, et ça fait d’ailleurs un peu polémique : les accords posés sur les couplets de Milestone sont en effet calqués sur ceux du mythique Imagine de John Lennon… Ce qui n’enlève rien à la qualité de la composition, qui s’achève par ailleurs sur un moment suspendu très bien inspiré.

Le retour est franchement réussi pour BoA qui, à défaut d’exploser les records de vente, aura su avec Milestone conforter sa place de protégée du public nippon au milieu des arrivages massifs en provenance des usines à tubes coréennes. Pour ne rien gâcher le single est superbe, sans doute l’une des meilleures ballades de la discographie de l’artiste, et de la part d’une chanteuse qui n’a jamais brillé par son timbre exceptionnel ou sa technique vocale impressionnante, c’est d’autant plus satisfaisant. Ne reste plus qu’à espérer que la riche carrière de BoA, qui joue sur les trois tableaux japonais, coréen et américain, continuera de nous réserver régulièrement d’aussi bonnes surprises !

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3 Commentaires »

  • Van a dit :

    Perso j’ai plutôt aimé son album coréen HURRICANE VENUS, bien qu’il ne vaille pas son très bon album Américain.

    • Random a dit :

      Pour trouver une ballade de BoA émouvante en 2012, il faut certainement avoir passé ces 6 dernières années congelé dans la carbonite et ne jamais avoir entendu be with you, love letter, winter love, everlasting, ainsi que toutes les pistes soupes de remplissage qui garnissent chacun de ses albums.

      Après tout, si Lorie (puisque tu parles d’elle) sortait « ma meilleure amie » en 2012 en remixant l’intro avec un sample de Barbara, peut être trouverais tu ça superbe…

      • Linza a dit :

        Bon, alors je l’ai écouté, et non, décidément, même si je ne trouve pas ça complètement naze (je préfère toujours ça à la pop bling bling, gerbante et pompeuse du moment) mais ça m’ennuie tellement que j’ai même du mal à me concentrer dessus jusqu’au bout. Une ballade au piano pourquoi pas, BoA peut se le permettre, mais si on n’a pas une mélodie béton derrière, ça donne une énième guimauverie sans saveur.
        A la limie I SEE MEE est plus sympa, tout aussi banale, mais son tempo un peu plus enlevé me maintient éveillée.
        Bref j’ai beaucoup de sympathie pour elle mais en attendant je retourne à Listen to my Heart :D

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