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Critique album : ONE OK ROCK – Zankyou Reference

14 octobre 2011 Aucun commentaire

C’est l’histoire d’un petit groupe de rock lycéen sans prétention, comme le Japon en compte des centaines. Un groupe que rien ne prédestinait à briller, et dont le destin fut à plusieurs reprises menacé par une météo très orageuse. Mais qui, à chaque fois, a su se relever plus fort. Ce groupe dont les membres entrent dans l’âge adulte font aujourd’hui éclater leur talent avec à la clé un succès commercial de plus en plus massif. Et accessoirement une popularité parmi les fans de J-music français désormais incontestable tant la sortie du nouvel album du quatuor est de loin celle qui a le plus agité le web en cette rentrée 2011. Ce groupe, c’est bien sûr ONE OK ROCK, dont je suis régulièrement les travaux depuis l’excellent single Yume Yume en 2007, et dont je revendique le stade de fan invétéré depuis l’immense album Niche Syndrome sorti en juin 2010. Autant dire que mes attentes quant à ce 5ème opus original étaient gigantesques…

Niche Syndrome est pour moi le meilleur album japonais de l’année 2010, ni plus ni moins. Un album rock 100% pur jus qui ne réinventait rien, mais qui détonnait par son intensité ravageuse, ses mélodies d’une efficacité cinglante, et bien sûr le talent exceptionnel et la voix incroyable de Taka. Avec cet opus, le 4ème de leur discographie, les ONE OK ROCK se plaçaient définitivement en dignes successeurs d’ELLEGARDEN dans le coeur de nombreux fans, orphelins depuis la séparation de Takashi Hosomi et ses collègues, tout en glanant également au passage un paquet de supporters parmi la nouvelle génération.

Un succès acquis à la force du poignet

Pourtant ils revenaient de loin ! Le succès a en effet beaucoup tardé à venir, et le petit label AMUSE dont ils étaient le fleuron a fini par miser sur un autre cheval : flumpool, dont la réussite immédiate aurait pu grandement menacer le développement de ONE OK ROCK. Mais au contraire, Taka et ses compères ont su convaincre AMUSE de les laisser bénéficier également des retombées. Adoubé par ELLEGARDEN à l’occasion d’une tournée commune, le groupe était à l’aube de la maturité quand une affaire de moeurs l’oblige à interrompre ses activités et se séparer du guitariste Alex. Et là encore, ce qui aurait pu être un coup fatal se révèle être une aubaine : plus motivés que jamais, les quatre membres restants s’investissent à fond dans leur musique, peaufinent leur son, enflamment les livehouses à la chaîne, et regagnent la confiance de leur label. La 4ème place et à l’Oricon glanée par Niche Syndrome et ses 26.000 exemplaires écoulés ne sont pas vraiment représentatifs de la nouvelle dimension prise par le groupe, dont la popularité se mesure plus par le remplissage de ses tournées. Et à ce titre, le concert organisé en Novembre 2010 dans un Budokan bondé constitue un véritable tournant dans la carrière du groupe, définitivement propulsé parmi les formations rock les plus attendues du moment.

C’est donc sans surprise qu’après la 6ème place acquise par les singles Answer Is Near et Re:make/NO SCARED cette année, le nouvel album de ONE OK ROCK, intitulé Zankyou Reference et paru le 5 octobre dernier, s’est adjugé la 2ème place des ventes pour un total de 66.000 exemplaires vendus sur la seule semaine de sa sortie, soit déjà plus du double de leur record jusque là. Si le succès commercial était presque acquis, toute la question restait de savoir si d’un point de vue artistique cet opus saurait se montrer tout aussi convaincant que le précédent, sans pour autant finir par lasser à force de trop user des mêmes recettes…

Zankyou Reference, confirmation et consécration

La réponse à cette question est claire : Zankyou Reference est une réussite à tous les niveaux. Une réussite parce que les morceaux efficaces que l’on attend de ONE OK ROCK sont là, les bonnes vieilles recettes étant perfectionnées encore et encore pour, de façon vraiment surprenante, accoucher de tubes toujours plus monumentaux. Et une réussite aussi parce que le groupe semble avoir compris qu’il lui fallait épaissir un peu sa consistance, sortir de sa zone de sécurité et expérimenter d’autres choses, sans pour autant trahir sa personnalité.

Du côté du fonds de commerce rock survitaminé, on retrouve donc dans des domaines déjà assez variés :
LOST AND FOUND, très classique dans le genre, avec une construction en trois temps (couplets plutôt soft, pont, et refrain furieux), évidemment taillée pour le live et très bien exécutée
Answer is near, que j’avais trouvée presque trop caricaturale à sa sortie single tant les « wohoho » et autres « COME ON COME ON » scandés à tout va laissaient à penser que ONE OK ROCK était prêt à tout pour perfuser son public à l’adrénaline. N’empêche, entre la rythmique complètement dingue à la batterie, les riffs fulgurants et la diction toujours phénoménale de Taka, on tient tout de même un tube.
NO SCARED, LA bombe du dernier single en date, une chanson uptempo à la Linkin’Park, complètement enragée. Les couplets sont hurlés, comme dans Liar, par un Taka au mieux de sa forme et les refrains portés par une rengaine tout simplement ORGASMIQUE. Et que dire de la première partie du pont final, à vous décrocher les cervicales !
- Re:make, une autre bombe aux accents plus punk, dont les couplets sont guidés par la basse saturée de Ryota avant une montée progressive en puissance vers un refrain aux allures d’hymne rock comme on n’en avait plus vu depuis les plus belles heures d’ELLEGARDEN.
Let’s take it someday, aux arrangements un poil plus électro-industriels sur les couplets, punk sur les ponts, et plus métalliques sur les refrains. Le point fort de ce morceau peut-être moins engageant que les autres : ses changements de rythme qui lui donnent une certaine richesse et un intérêt artistique plus poussé.
Kimi shidai ressha, qui conclut l’album avec un esprit « cheering up » et des paroles positives qui évitent le piège de la niaiserie dans l’accompagnement. A n’en pas douter un futur classique des fins de concert !

Du côté des titres un peu plus borderline, on notera :
Sekai shirazu no uchuu hikoushi, clairement un petit OVNI dans la discographie de ONE OK ROCK, avec une ambiance à la fois plus lourde et dépouillée, des arrangements électroniques, bref, un morceau destiné à instaurer une atmosphère, plutôt réussi dans le genre.
Mr.Gendai Speaker, une ballade rock emo-metal elle aussi très bien fichue dans le genre, même si objectivement il faut bien dire qu’on lorgne là du côté de certains gros succès de TOKIO HOTEL, n’en déplaise à tous ceux que cette comparaison pourront indigner…
Pierce, une teen-ballad acoustique, plus épurée, avec même un piano sur les couplets pour adoucir le tout. J’avoue, on hésite entre le caricatural et le constat du travail bien fait; quoi qu’il en soit le titre n’arrive pas une seconde à la cheville du déchirant Wherever you are de l’album précédent en matière d’émotion.

C.h.a.o.s.m.y.t.h., le bijou du disque

Mais surtout, s’il fallait ne retenir qu’un seul titre parmi les inédits de ce Zankyou Reference, ce serait sans aucun doute C.h.a.o.s.m.y.t.h.. LE chef d’oeuvre de l’album, et l’un des plus beaux moments de la carrière déjà très riche de ONE OK ROCK. C.h.a.o.s.m.y.t.h., c’est la ballade rock midtempo parfaite, un hymne qui vous file les frissons dès ses premières notes et vous serre les tripes dès que son refrain explose tant tout y est dosé avec justesse et minutie. Taka y est bien sûr magistral, et les paroles achèvent de tirer sur la corde sensible, exaltant la vie en soutien aussi implicite qu’évident aux victimes du tsunami d’il y a quelques mois : « Make your own storyline  / Dream as if you will live forever / And live as if you’ll die today » .

Il y aurait mille choses à dire sur ce disque mais cette chronique est sans doute déjà beaucoup trop longue, aussi vais-je conclure en affirmant haut et fort l’immense satisfaction qui est la mienne à l’écoute de ce disque dans lequel j’avais pourtant placé énormément d’attentes. Je partage le constat déjà établi par certains de mes confrères : Zankyou Reference est sans aucun doute l’album de la maturité pour ONE OK ROCK, qui là encore ne réinvente rien mais porte haut, très haut l’étendard de la jeune scène rock japonaise. Lorsque l’on avait interrogé pour mimu le manager du groupe sur l’opportunité d’un concert en France, celui-ci nous avait affirmé être flatté par l’intérêt du public français, mais pas intéressé, parce qu’il préférait travailler à donner une vraie place à ONE OK ROCK sur le marché japonais. Force est de constater qu’au moins ce choix et ce travail auront porté leurs fruits, et en cela peut-être qu’il ne faut pas être trop déçu qu’à ce jour il n’existe aucun projet concret pour le groupe dans l’Hexagone dans un proche avenir. Ca n’empêche, compte tenu de la popularité toujours grandissante de Taka, Ryota, Tomoya et Toru auprès des fans français, l’espoir reste permis. A nous de nous battre pour nous faire entendre !

D’autres avis à lire sur Ongaku Dojo et Play of Medley.

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