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French J-music Awards : réaction et annonce

22 septembre 2011 11 Commentaires

Pour changer de la salve de chroniques des semaines passées, un « billet d’humeur » à double emploi, au sujet des French J-music Awards. J’aimerais, d’une part, répondre aux propos tenus par Zed (de la chaîne Nolife) sur son blog; réponse qui arrive avec quelques mois de retard, mais j’avoue que j’ignorais jusqu’à l’existence de ce monsieur avant qu’on me signale ses billets tout récemment. J’invite ceux que ce débat n’intéresse pas à sauter directement à mon « d’autre part » au dernier paragraphe de ce billet, avec une annonce importante au sujet de l’avenir du sondage.

Dans une série de 5 billets (partie 1, partie 2, partie 3, partie 4, partie 5) publiés en avril dernier, Zed (de Nolife, donc) réagit à la publication des résultats des JMA ainsi qu’à l’analyse qui en est faite, sur le site du sondage, sur le présent blog, et sur le site Orient-Extrême. Vous me direz : quel intérêt de répondre 5 mois après aux propos d’un individu qui, qui plus est, s’auto-proclame « râleur » de service ? Et bien primo le fait est que Zed soulève plusieurs questions intéressantes, secundo il est aussi à mon sens suffisamment à côté de la plaque sur un certain nombre d’autres questions pour me donner envie de réagir, et puis tertio c’est l’occasion pour moi de développer des arguments qui légitiment une décision que je souhaite annoncer de longue date, d’où l’annonce publiée plus bas. La concaténation de ses 5 billets étant relativement longue, je vais m’efforcer de ne pas répondre à tous les points. Mais beaucoup de choses m’interpellent tout de même.

En préambule :

« Il faut rappeler avant tout que Nolife diffuse tous les clips que les maisons de disques acceptent de fournir, sans réaliser de sélection. »

Ceci est faux, j’ai connaissance de plusieurs artistes nippons, dont certains en major, qui ont envoyé leurs clips à Nolife il y a quelques années sans jamais recevoir de réponse. Et pourtant croyez-moi qu’ils entraient les yeux fermés dans la tranche qualitative supérieure de la programmation de la chaîne. Mais c’est un détail, passons…

« Les French J-Music Awards ? Il s’agit d’un sondage annuel, réalisé par des passionnés de j-music, et dont l’objectif est de soi-disant cerner au mieux les goûts, coups de cœur et attentes du public français en la matière. »

Oui, mais un sondage portant sur l’actualité de l’année écoulée. La précision est capitale pour la suite, et différencie nettement son objet du J-Top de Nolife auquel Zed fait référence tout au long de son billet.

« Il s’agit d’un sondage annuel, et les résultats sont publiés 2 mois après la clôture des votes. C’est long. J’espère qu’aucun professionnel du secteur n’attendait ces résultats pour orienter ses activités, sinon il aura eu le temps de faire faillite entre-temps :p »

Je suis bénévole et c’est une masse de travail considérable, alors qu’on ne vienne pas me donner de leçon, c’est pas comme si entre temps le marché avait muté de façon spectaculaire non plus. Par ailleurs, si un pro attend Février pour décider de ce qu’il va faire du reste de l’année c’est qu’il n’a rien compris à la façon dont les japonais fonctionnent, et sa faillite sera amplement méritée. Je fournis les résultats publiquement, chacun est libre d’en tirer les leçons et mesures qu’il veut, mais ils ne m’engagent à rien auprès de quiconque.

A propos des votants

Je ne réagirai que peu aux réponses aux propos répondant à ceux d’Orient Extrême, dans la mesure où je suis parfois d’accord avec ces réponses (sur la distinction qualité/popularité par exemple), d’autres fois juste pas concerné. Reste :

« Pourquoi faut-il toujours prendre les auditeurs pour des crétins finis, incapable de faire eux-mêmes leur sélection ? Attention, effectivement faire des critiques objectives et détaillées des nouveautés, c’est une bonne chose, mais à condition d’être là encore totalement impartial, ce qui n’est que trop rarement le cas »

Ce n’est pas une question de crétinerie, c’est une question de maturité d’une part, et de mutation de l’usage d’internet d’autre part. J’ai déjà expliqué ça mille fois : à l’époque où j’ai commencé mes activités sur le web Jpop francophone, l’ADSL n’en était qu’à ses balbutiements. Les sources d’information et les communautés étaient peu nombreuses. Tout était à créer, et dans le même temps, le marché musical nippon affichait une production très très soutenue avec des têtes d’affiche par troupeaux entiers. Facile donc de repérer les choses qui revenaient régulièrement sur le peu de sources disponibles. Facile aussi de se retrouver entre fans d’un sujet aussi peu démocratisé. Et surtout, facilité, profusion et potentiel de développement énorme entraînaient une motivation gigantesque à créer, fédérer, partager sa passion. Aujourd’hui, l’avènement des réseaux sociaux a complètement changé la donne. On n’utilise plus internet que pour rechercher des choses, mais aussi pour communiquer, socialiser, pour certains presque exister. Et ces activités de socialisation prennent le pas, pour beaucoup, sur toute de démarche de recherche, et pire encore sur toute démarche de participation constructive. Ce qui explique d’une part pourquoi les sites ont de plus en plus de mal à trouver des rédacteurs motivés pour investir du temps dans le partage de leur passion, et d’autre part pourquoi le public attend aujourd’hui majoritairement qu’on lui mette du tout cuit dans la bouche pour daigner s’y intéresser.

Je m’insurge par ailleurs une nouvelle fois sur le concept de « critique objective et impartiale ». Une critique objective et impartiale n’est pas une critique, c’est une news, une info, une description, c’est très bien, mais c’est autre chose. Une critique implique un avis. Et de la même manière que les avis sont aujourd’hui déterminants pour choisir un restaurant ou un film au cinéma, ils le sont tout autant pour sélectionner des artistes à écouter parmi un marché saturé en produits clonés, faisant l’objet d’un abus de communication et dont plus grand chose ne sort réellement du lot.

A propos des « pros » français et du positionnement par rapport à eux.

« Et oui, donc, toujours d’après Orient-Extrême, tous les méchants professionnels européens sont tombés d’accord pour faire en sorte de ne vendre que de la merde, et bien entendu, ne signer que les artistes sans talent, car ce serait une honte de proposer des sorties intéressantes, susceptibles de se vendre pour leur qualité intrinsèque. Et bien sûr, le public il est obligé d’acheter, hein, parce qu’il est trop con pour déterminer seul si ça vaut le coup ou pas. »

Ce n’est pas tout à fait ça. Nous autres rédacteurs web avons bien conscience de la difficulté qui est celle de convaincre les japonais, frileux, très repliés sur eux-mêmes, et pas convaincus par l’intérêt financier d’un investissement dans notre marché de niche, à sortir de leurs frontières. Nous savons très bien que si une structure française quelle qu’elle soit pouvait signer demain une star hyper-populaire ou un interprète de génie qui mettra tout le monde d’accord, il le ferait. D’un autre côté, nous savons aussi, nous qui observons la situation depuis longtemps, que la crédibilité de notre marché a énormément souffert de l’incompétence, de l’opportunisme (vite douché) et de l’absence de culture notoire d’un certain nombre de ces « pros » qui se sont lancés dans l’exploitation commerciale de la J-music en France. Et nous savons également que ces mêmes pros n’ont aucun scrupule à raconter des bobards, présenter comme des stars des gens qui n’en sont pas, comme des artistes de qualité des gens qui n’en sont pas. Faut bien qu’ils fassent vivre leur business, me direz-vous, certes, mais libres à nous de critiquer. La dernière tendance, c’est la fabrication presque de toute pièce d’ « artistes » japonais qu’on produit à moindre frais sur le territoire français dans l’espoir de maximiser la productivité d’un marché qui ne tient pas ses promesses : lamentable. C’est pour toutes ces raisons que j’ai de nombreuses fois fait l’éloge de la politique de Soundlicious, dont la gérante a toujours cherché à concilier qualité et potentiel commercial même pour ses (relatives) « vaches à lait », dans une démarche indéniablement passionnée et qualitative qui utilisait les fonds gagnés à la promotion d’artistes peu connus mais avec une réelle valeur ajoutée. Sauf que ses efforts n’ont pas été payants, puisque des artistes comme GARI ou SUIKA restent malgré tout des échecs commerciaux ô combien désolants. Quelle solution ? Je n’en sais rien, mais en même temps ce n’est pas de mon ressort : mon rôle est d’informer, de chroniquer, pas d’aider des entreprises à survivre, surtout quand j’estime qu’elles ne le méritent pas parce qu’elles n’ont pas fait leur boulot correctement ou qu’elles manquent de respect aux fans. Chacun sa place.

« Donc voilà, là c’est officiel, Nolife c’est un écran de pub géant, qui n’est là que pour faire la promotion de ces artistes, ceux que l’on impose au public français. Pas un mot sur la variété de la programmation, les différents genres présents, ou comme je l’évoquais plus haut les nombreux indés que l’on diffuse, et qui pour le coup n’attendent pas forcément grand chose d’une diffusion sur Nolife, sauf peut-être d’être découverts et appréciés par un public lointain. »

L’ironie s’applique en réponse à une critique d’Orient-Extreme, mais tout de même un mot. La réalité du terrain, c’est que là où moi, de ma position revendiquée d’amateur éclairé, fan au service des fans, j’estime ne pas avoir à me soucier de la santé des entreprises qui tentent de vivre de la J-music, et plus largement de la culture pop nippone en France, pour tous ceux qui engagent de l’argent dans l’histoire, la donne est différente. Et il est, c’est indéniable, dans l’intérêt de Nolife que les différents pros du secteur survivent : ce sont les principaux annonceurs de la chaîne, ce sont les moteurs économiques qui alimentent le marché et donc entretiennent l’intérêt du public, et donc l’audience de la chaîne. Nolife se doit donc de diffuser voire soutenir les initiatives de ses partenaires, et en cela, doit assumer son statut d’outil promotionnel, de partie prenante d’un système qui a tout intérêt à faire l’objet d’une entente collaborative cordiale pour que chacun de ses acteurs puissent subsister. Cela n’altère en rien les efforts faits par ailleurs, mais il faut assumer, c’est tout. C’est là la différence : si Nolife comme moi aimerions qu’un marché français viable existe, Nolife en a BESOIN, à tout prix, pour subsister. Tandis que moi, je préfère qu’il ne se fasse pas plutôt qu’il se fasse mal.

Plus globalement, si l’on devait résumer Nolife à ça, mais alors, il faut en faire de même pour toutes les chaines musicales, et toutes les radios. Parce que c’est ça la réalité du marché, les clips sont là pour vendre des artistes et des CDs.

Ah oui mais non. Les radios et TV « généralistes » ont un pouvoir gigantesque : celui de décider de ce qui va être diffusé et donc va avoir sa chance d’obtenir un succès commercial. Ce qu’ils font de ce pouvoir est un autre problème, mais là n’est pas la question. La différence pour Nolife c’est que Nolife n’a pas de pouvoir parce que Nolife n’a pas le choix. Zed le dit lui-même : Nolife passe TOUT ce qu’on lui confie. Donc ne peut pas se comparer à des media qui ont des politiques éditoriales, quelle que soit la qualité jugée de ces politiques.

Au sujet de mon commentaire sur le fait que la victoire de YUI dans deux catégories étaient un choix par défaut :

« Après, de là à dire que les gens ont placé une artiste en tête juste par méconnaissance, je trouve ça plutôt gonflé, mais bon, si je comprends bien, il faudrait à la fois que les votants soient grand public, pour que le sondage soit représentatif, mais pas trop non plus, sinon ils ne votent pas pour les bons artistes… On signe où pour se faire interner ? :) »

Je persiste et signe, c’était un choix par défaut, effectivement galvanisé par le fait que YUI est promue par les anime dont elle signe les génériques, mais un choix par défaut quand même. Je n’ai JAMAIS dit que YUI n’était « pas le bon artiste » pour lequel voter. Je constate juste que les stars habituellement plébiscitées sont en perte de vitesse, parce que la génération qui les soutenait grandit. Je constate que la nouvelle génération a une approche plus superficielle, prend ce qui dépasse, ce qu’on lui propose, et en l’occurrence les stars habituelles sont aujourd’hui beaucoup moins visibles qu’il y a quelques années. Et je constate qu’effectivement, parmi les choix proposés, le single de YUI était effectivement celui dont les canaux de promotion sont ceux qui touchent le plus cette génération. En cela, je dis que c’est un choix par défaut : beaucoup ont voté pour YUI parce qu’ils ne connaissaient pas le reste. Mais ces constats ne sont que des analyses objectives sans la moindre valeur de jugement qualitatif.

« Un petit tour dans les commentaires de l’analyse livrée sur le blog J-Pop sème le trouble. Un blogueur spécialisé dans la J-Music, Van, indique ceci : « Honnêtement seule KOKIA (et encore), et les groupes de visu qui ne font pas vraiment carrière au Japon, sont rentables, pour eux et pour les tourneurs. » Bref, de toute évidence,  les pros ne sont pas les seuls à raisonner comme ça… Les choses ne sont donc pas là de changer »

Ce discours est peut-être navrant mais il est réaliste. Le renier c’est ne pas connaître la réalité du marché. Les fans ont besoin d’être nourris. Il arrive un moment où ils se lassent d’aimer des choses auxquelles ils ont le sentiment qu’ils n’auront jamais accès, ils choisissent donc de se passionner pour ce qui va leur donner quelque chose en retour. Or, les Japonais sont, encore une fois, très frileux à l’exportation. Pour une raison souvent simple : pourquoi s’embêter avec la complexité d’une organisation de concert à des milliers de kilomètres de là, qui plus est en collaboration avec des gens dont la compétence est douteuse et la culture d’entreprise radicalement différente, tout ça pour remplir au mieux une salle de 5000 personnes là où au Japon le même artiste/groupe pourrait pour moins cher se lancer dans une tournée réunissant 10.000, 20.000, 100.000 spectateurs pour certains, spectateurs prêts à payer leurs places 60, 80, 100 euros souvent…

Du coup les seuls artistes qui s’intéressent à nous, ce sont :
– soit (et ils sont rares) ceux qui le font pour le plaisir et/ou l’égo
– soit ceux qui sont complètement has beens au Japon et tentent donc de prendre ce qu’ils peuvent ailleurs (Visual Kei en tête)
– soit, phénomène nouveau, ceux qui veulent alimenter leur promo au Japon en se faisant passer pour des stars internationales.

Et c’est ainsi qu’on arrive à un cercle vicieux où, les fans comme les pros se nourrissant de ce qu’ils trouvent, chacun contribue à donner aux Japonais une impression faussée des attentes du public. Les JMA ont été créés pour ça : en axant les nominations sur l’actualité musicale japonaise plutôt que sur l’offre disponible en France, l’idée était de faire en sorte que les propositions des Japonais soient plus en adéquation avec nos attentes. Mais deux choses viennent annihier l’intérêt de cette initiative ;
– d’une part les quelques gros artistes qui se sont risqués à tenter leur chance en France avaient pour la plupart surestimé les retombées, et se sont heurtés à des difficultés relationnelles / des différences de conception avec leurs partenaires en France.
– d’autre part le public changeant et s’investissant de moins en moins dans la découverte musicale, ce qu’il plébiscite est ce qu’il connaît, c’est à dire majoritairement ce qu’on lui donne déjà. Ce qui n’a aucun intérêt quand le but est justement d’essayer de savoir ce qu’il pourrait vouloir d’autre…

A propos de Soundlicious.

J’affirmais que Soundlicious est aujourd’hui la seule structure française capable de faire venir ces artistes majeurs que le public attend depuis longtemps :

« Alors là, je pense que dans la catégorie suce-boule, on a la mention gagnante, tant l’auteur de ces lignes se montrait réticent, il y a quelques mois à peine, à un tel rapprochement. « 

Non, pas suce-boules. Réaliste. Qui d’autre, une idée  ? Oui, j’ai comme je l’ai dit toujours soutenu la politique éditoriale de Soundlicious, et je le revendique. Pour autant, et c’est bien gage de mon indépendance, oui j’ai été le premier à remettre en question l’association de Soundlicious avec la SEFA, parce que j’avais de gros doutes sur l’impact de cette association sur la politique éditoriale jusque là reposant essentiellement sur la compétence et la passion incontestable de Sae Cibot. Un an et demi après, je suis le premier à reconnaître que cette association est un succès. Bien que ce ne soit pas ma cam le concert des Momusu était un choix très pertinent dans le cadre d’une convention, et a été couronné par un succès commercial qui a contribué à redonner une crédibilité au marché français. Le poids de SEFA a aussi permis de décrocher l’organisation du concert de VAMPS, autre poids lourd supposé attendu, les difficultés rencontrées pour remplir la salle démontrant bien qu’au final rien n’est jamais gagné d’avance. Plus récemment, bien que de manière moins ambitieuse, Soundlicious fait des choix intelligents en essayant de combiner au mieux les critères qualitatifs avec les aspects commerciaux : à mon sens la signature d’Uplift Spice (qui doit, c’est un fait, l’essentiel de sa popularité à Nolife) et celle d’Iruma Rioka (qui fait déjà son petit bonhomme de chemin en Amérique du Sud) démontrent que Sae sait toujours être à l’écoute du public avec un sens aigu de la pertinence et du compromis. Donc oui, je l’assume j’attends avec impatience la suite, même si je continuerai à avoir un regard critique sur les activités de cette boîte comme de toutes les autres.

A propos du sondage en lui-même et de l’objectif qu’il vise

Aucune structure n’est proposée aux votants pour écouter les artistes entre lesquels ils doivent choisir.

Oui effectivement, c’est une faiblesse, et sans aucun doute que cela pourrait changer la donne et aboutir à des résultats plus inattendus. Mais d’une part cela rajouterait encore plus de travail à une logistique déjà très coûteuse en temps et en énergie au passionné bénévole que je suis; et d’autre part, la « fainéantise » du jeune public plus enclin à checker ses notifications Facebook qu’à éplucher un catalogue de clips à visionner limiterait sensiblement l’impact réel d’une telle amélioration. Sur Nolife, oui il suffit de laisser tourner. Mais d’une part les mêmes groupes reviennent souvent, et d’autre part vous êtes, même si c’est pas grassement, payés pour faire ce boulot, ce qui vous permet de prendre le temps de le faire.

« Non, à mon sens, ce que les labels japonais attendent, c’est de voir, parmi les artistes qu’ils envisagent d’envoyer en Europe, lesquels s’en sortiraient le mieux. Et pour cela, le J-Top est bien plus adapté, car il met précisément ces artistes en concurrence, via les clips que les maisons de disques acceptent de voir diffusés sur une chaine française. »

C’est là le coeur du problème. Ce sondage vise à aider à satisfaire les attentes des fans, pas celles des pros, ni français, ni japonais. Lorsque les JMA ont été mis en place, c’était avec l’espoir d’avoir une influence le plus en amont possible, de faire entendre la voix des fans au plus haut. Tous ceux qui travaillent en relation avec les Japonais vous diront que la vision qu’ils ont du marché occidental est complètement à côté de la plaque, et c’est bien pour ça qu’ils se font aujourd’hui prendre de vitesse par les Coréens qui ont, eux, tout compris. L’espoir caché derrière les JMA, c’était d’inciter les Japonais à réorienter leurs propositions. Ca a marché dans quelques cas, mais comme je le dis plus haut, les déconvenues et la mutation du public plombent l’efficacité de ma démarche, et la fermeture d’esprit des Japonais fait le reste. Tout l’intérêt de l’existence même des JMA est donc remis en question. Car ce sondage est une initiative passionnée personnelle, et cela ne me passionne pas une seconde de passer du temps à organiser et dépouiller un sondage qui aboutisse à 95% à conforter les Japonais dans leurs choix complètement inappropriés. J’avais choisi l’utopie par passion, et j’ai échoué. Nolife choisit la complicité par réalisme, c’est votre choix. Moi ça ne m’intéresse pas, j’estime que c’est mon droit.

« Et oui, le public qui a voté en majorité, c’est typiquement celui que l’on retrouve sur des sites comme nautiljon.com. Et ça n’est pas engageant quant aux perspectives de ventes pour les professionnels du secteur. »

Exact. Mais ce n’est pas mon problème. Je ne suis pas là pour faire marcher les entreprises du secteur. A la limite je veux bien être là pour contribuer au succès de certaines organisations de concerts en France. Mais c’est une grande hypocrisie que de continuer à croire qu’on pourra remplir une salle de concert française avec un groupe japonais autrement que grâce au web et, en particulier, au téléchargement illégal. C’est le téléchargement illégal qui a créé ce marché, aussi petit soit-il, et il ne pourra en être autrement tant que les Japonais n’auront, notamment, pas compris qu’un clip publié sur le web ou diffusé à la TV, c’est un outil de promotion indispensable, pas une propriété intellectuelle à protéger coûte que coûte.

A propos de mes commentaires sur les votants

« Mais pour en revenir au votant moyen, âgé donc de 17 ans ½ [Shito écrit] : « Sans vouloir jeter la pierre à ce public, il est clair que ça ne m’intéresse pas d’écrire pour lui, pas plus qu’il ne serait intéressé par ce que j’ai à dire d’ailleurs. » Oui oui, c’est écrit ainsi, et noir sur blanc, dans l’analyse faite par l’organisateur des French J-Music Awards. J’aurais 17 ans ½ aujourd’hui, je le prendrais très mal. Vive les préjugés, là on est quasiment dans la discrimination. »

Là encore, j’assume pleinement. J’ai commencé à écrire sur le sujet Jpop, j’avais moi-même 16 ans. Pendant des années, mon crédo en tant que rédacteur et rédacteur en chef de sites web a toujours été « on doit écrire pour tout le monde, pour faire partager une info, une passion au plus grand nombre, sans dénigrer qui que ce soit. » Je me suis longtemps investi d’une mission d’accompagnement dans la découverte, de transmetteur de connaissance, mission que partageaient la plupart de mes collaborateurs. Et j’ai d’ailleurs eu des discussions houleuses avec ceux qui ne partageaient pas cette vision. Sauf que voilà, j’ai aujourd’hui 29 ans, je pense avoir donné, fait ma part du boulot, je passe la main. Je n’ai plus ni le temps ni la motivation pour m’adresser à un public qui a changé, qui ne fait quasiment plus d’effort, qui survole les choses parce qu’encore une fois il est plus préoccupé par ses notifications Facebook qu’autre chose. J’ai abandonné toute responsabilité en fermant mon dernier portail rédactionnel, et je n’écris plus que sur ce blog, espace personnel où je m’estime libre de dire et faire ce que je veux au rythme où je le veux. Je ne porte pas de jugement de valeur sur ce jeune public, je dis juste que non, ça ne m’intéresse plus. Y a-t-il réellement un mal à ça ?

A propos de Nolife et JapanFM

« Jamais Nolife n’est citée pour son rôle dans le développement de la J-Music en France. Pour Shito, tout le mérite revient à JapanFM. JapanFM s’est officiellement lancée le 1er janvier 2010. Cela fera bientôt 4 ans que Nolife diffuse de la J-Music.(…) Le relationnel réalisé par Nolife avec les labels japonais commence à porter ses fruits, il s’agit d’un rapport de confiance, qui s’est patiemment construit durant ces nombreux mois. C’est certainement parce qu’à Nolife, on a fait le choix de respecter les exigences des maisons de disques, et nous n’avons jamais diffusé un artiste à l’antenne pour lequel nous n’avions préalablement pas eu l’autorisation de le faire.(…) d’après Shito « le public qui écoute au moins de temps en temps de la J-music en France, il se chiffre en milliers, tout au plus avec une dizaine devant » (en se contredisant lui-même juste derrière au passage, pour étayer son argumentaire, c’est drôle : « y a 21.000 fans chez JapanFM ». Il y aurait donc des fans de JapanFM qui n’écouteraient pas de J-Music ? Je ne sais toujours pas où on signe pour se faire interner :) »

J’avais cité Nolife l’an dernier, notamment pour son rôle dans l’apparition d’Uplift Spice dans la catégorie des artistes les plus attendus en France. Et les résultats de cette année ont été publiés avant l’annonce de la tournée du groupe, sans quoi je n’aurais pas manqué de souligner le rôle crucial de la chaîne. Reste que cette année, je persiste à dire que l’impact de JapanFM éclipse totalement celui de Nolife. L’audience de Nolife est une audience de gens de 25-34 ans, qui ont souvent une vie professionnelle, parfois familiale. Une audience qui n’est plus aussi sensible à la notion de communauté, au partage d’une passion, à l’idée de s’exprimer dans un sondage. Et puis la J-music n’est, je pense, pas la principale motivation des spectateurs de Nolife, pour beaucoup c’est sans doute une composante avec laquelle ils font, mais qui ne suffirait pas à les faire rester sur la chaîne s’il n’y avait que ça. JapanFM a pour sa part réussi là où la plupart des autres media spécialisés Japon et notamment J-music ont échoué : fédérer la jeune génération en utilisant ses codes et ses outils. Les réseaux sociaux jouent un rôle déterminant dans le développement de la radio, la fidélisation de son audience. Là où l’on constatait l’effritement complet de la communauté des fans, JapanFM, et maintenant KpopFM, ont su en rebâtir une nouvelle, avec d’autant plus de mérite que s’y retrouvent des amateurs de tous les genres musicaux qui jusque là se faisaient la guerre par forums interposés. Indépendamment donc de tout jugement qualitatif sur la programmation parce que ce n’est pas le sujet, il est tout simplement indéniable que le travail réalisé en à peine un an par Togen, Nunya et leur bande a profondément changé la donne, et la mutation du profil des votants aux JMA en est le premier témoin. Pour le reste, je le répète, je ne me prononcerai pas ici sur les critiques et réserves émises par Zed au sujet de la radio, ce n’est pas le sujet. Au sujet du nombre d’auditeurs, c’est très simple : une partie non négligeable des auditeurs de JapanFM n’est pas française, et ne rentre donc pas dans la quantification du marché français.

Quand à la Kpop, loin de moi l’idée de la défendre sur le plan qualitatif, mais là encore, je ne fais qu’un constat : celui du fait que les stratèges des labels coréens ont tout compris, là où les Japonais tapent invariablement à côté. J’en parlerai plus longuement dans un prochain billet, mais ce simple constat suffit à expliquer pour bonne partie pourquoi beaucoup des fans de la première heure sont blasés.

Les fans de la première heure, blasés ?

« Voilà, j’en ai fini, et si je devais conclure en une phrase : on retrouve toujours la même amertume, les fans de la première heure n’acceptent définitivement pas de voir la J-Music se développer, être connue d’avantage du public, et surtout générer un minimum de chiffre d’affaires… C’est pathétique, pour ne pas dire pathologique. Et que faudrait-il donc faire pour les satisfaire un minimum ? Et bien là c’est le flou le plus total, manifestement les impliquer d’avantage dans la conception ou la production d’events ne semble pas leur convenir, alors à part leur construire une statue à leur effigie, je ne vois pas trop… »

Et bien comme je le disais, c’est un peu tard, car la plupart d’entre nous sommes effectivement blasés. Mais ce n’est pas que l’on n’accepte pas de voir la J-music se développer, non. C’est au contraire parce qu’on constate qu’elle ne se développe pas et que nos efforts ne servent à rien. Les vrais succès J-music en France se comptent sur les doigts d’une main et restent des succès d’estime insuffisants pour créer un marché viable, après 10 ans de travail. C’est forcément frustrant, ça l’est d’autant plus quand on avait vu venir les échecs à des kilomètres, et ça l’est infiniment quand on voit les coréens débarquer, appliquer les méthodes qu’on prône depuis des années et obtenir en quelques mois des résultats que la J-music a à peine touchés du bout des doigts.

Donc sans doute que oui, si on nous avait un peu plus consultés, un peu plus associés aux organisations, on n’en serait pas là; ce n’est pas faute d’avoir fait savoir qu’on se tenait à la disposition de toutes les bonnes volontés, moi le premier. Mais ça n’a que très peu été le cas, la plupart des pros ne nous considérant pas autrement que comme des machines à relayer des communiqués de presse foireux, et s’offusquant de l’expression du moindre esprit critique. Les Japonais auraient sans doute une vision plus réaliste de notre marché et de nos attentes, là où rares sont ceux qui aujourd’hui se battent pour leur faire comprendre qu’ils ont tort. Et les Japonais n’auraient pas été refroidis par l’incompétence et l’inculture de beaucoup de leurs interlocuteurs. Aujourd’hui, sans aller jusqu’à dire que c’est trop tard, je dirais qu’ils ont raté leur chance, et qu’il va falloir qu’ils changent de point de vue et de méthode s’ils en veulent une deuxième. Mais là encore, je le répète, j’ai suffisamment donné, je passe la main, en tout cas en matière d’initiatives publiques. Et je présente mes meilleurs voeux de courage et de réussite à ceux qui reprendront le flambeau avec une réelle ambition de faire les choses bien.

Voilà pour ma réponse. Pour finir,

Annonce au sujet des French J-music Awards

J’embraye comme prévu sur mon annonce, qui découle pour bonne partie des arguments énoncés plus hauts.

Comme je le disais, l’objectif premier des French J-music Awards, qui était de faire en sorte que les Japonais aient une vision plus réaliste des attentes du public français parmi l’ensemble de leur production et pas seulement une petite partie d’entre elle, s’éloigne de plus en plus. Pour trois raisons :
– primo, les Japonais continuent à n’en faire qu’à leur tête et croire mieux connaître la culture et les attentes des occidentaux que ces occidentaux eux-mêmes.
– secundo, parce que les efforts de promotion des passionnés ont parfois été annihilés par l’incompétence de certains professionnels qui a nous a décrédibilisés auprès des Japonais
– tertio, parce que le public change, ne fait plus d’effort, ne cherche plus, n’a plus/ne prend plus le temps, et qu’il plébiscite ce qu’on lui donne déjà, parce que c’est tout ce qu’il connaît.

Par conséquent, j’estime que le sondage sous sa forme actuelle perd tout son intérêt. Et j’annonce donc que les French J-music Awards s’arrêtent avec l’édition 2010, et qu’il n’y aura pas de nouvelle édition en fin d’année 2011. En tout cas pas avec l’organisation actuelle et tout ce qu’elle implique. Car malgré l’aide vraiment bienvenue de gens comme Matthieu d’Ongaku Dojo, Ramza de Total Manga ou encore Ryozhukai entre autres, cela reste un travail absolument colossal à réaliser. Et je n’ai plus la motivation de réaliser ce travail alors que mes objectifs initiaux sont tout sauf en bonne voie d’être atteints. Je reste bien sûr ouvert à toute proposition de révolution qui saurait rendre un réel intérêt à tout ça, de façon réellement orientée vers les fans et non vers le soutien aux pros, tout simplement parce que j’estime que ce n’est pas mon rôle. Mais en l’absence de suggestion réellement convaincante et viable, et sauf mention contraire ultérieure, je considère ce billet comme l’officialisation de l’arrêt du sondage. En remerciant bien sûr chaleureusement tous ceux qui y ont contribué et l’ont suivi au fil de ces années.

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11 Commentaires »

  • Eric a dit :

    Un long billet intéressant et dont je partage l’avis à 99% !

    Je ne rajouterai donc presque rien, à part un certain sentiment de désolation face à l’incompréhension de Zed avec qui je n’avais eu qu’une très brève discussion privée sur un forum à propos du TIMM (il n’aurait absolument pas fallu en parler alors que les organisateurs donnaient les infos…). J’irai lire son blog ce week-end pour mieux cerner sa logique mais j’ai l’impression que, d’après les citations, toute activité ou orientation éditoriale différente de celle de son média est à proscrire, ou est « mauvaise ».

    Désolé, mais nous ne sommes pas tous là pour pousser le marché, applaudir les erreurs et encenser tout ce qui passe et faire vendre tous les CD/DVD mis en rayons (sans être rémunérés). On commente, on analyse, on donne nos avis, on conseille et on déconseille… On dit ce qu’on pense, sans se préoccuper de savoir si telle accréditation sera accordée, si tel clip/image/reportage sera donné ou si tel espace pub sera acheté. Nous sommes aussi parfois consultés par des pros européens et japonais qui nous remercient pour ces informations complémentaires. Pas besoin de bénédiction pour faire tout cela, et ce n’est pas répréhensible (j’avoue, je n’ai pas été vérifier dans la loi japonaise). De même, le public français a le droit d’aimer et de réclamer des choses non-vendues/distribuées en France. Si la J-Music est là, si on en parle, et un petit peu si Nolife en vit, c’est justement grâce à cela. Est-ce si inconcevable !? Faut-il être internable pour s’en rappeler ?

    Que la J-Music se développe, ce n’est pas notre problème DANS LE CADRE de nos webmedia. Nous étions là avant son développement « officiel », je pense qu’on en vivra aussi bien si malheureusement cela était amené à s’arrêter. L’indépendance vis-à-vis des actions entreprises est à mon sens primordiale pour la commenter (avec l’impartialité dans le sens de Zed), et émettre des avis, des critiques positives ou négatives, qui pourront aider dans le futur. Certains s’en servent très bien. Eh oui, même une critique négative ou un échec peut servir à progresser, c’est fou !

    J’ajouterai que, comme l’écrit Shito, les Coréens visent très juste en ce moment et progressent à une vitesse folle. Je constate simplement qu’ils se sont lancés sur le même principe que la J-Music il y a 10 ans (J-Music que les pros ignoraient, qu’ils viennent de récupérer et qu’ils sont un peu en train de museler), la puissance multipliée du net et des réseaux sociaux en plus. La Kpop applique quasiment toutes les stratégies, orientations, choix, etc. que je (nous ?) recommandons ou aurions privilégié depuis des années. Ils sont vraiment bons, et ils n’ont pas besoin de nous pour gagner, c’est ça qui est fort. Aujourd’hui, quand je vois la mobilisation extraordinaire des fans de Kpop, le dynamisme ambiant, les clips de SNSD en FullHD à la Fnac (sans dédicace pour vendre 100 disques, Samsung place de la Kpop, et qu’a fait Sony de son côté ? Des poissons rouges ?), bien évidemment le double SMTOWN au ZENITH, sans oublier tout ce qui se prépare (énorme)… je me dis que l’industrie japonaise a vraiment loupé sa chance et que nos idées de fou (il n’y aurait pas méprise là ?) auraient peut-être pu changer beaucoup de choses.

    Dommage pour tes awards, Shito, mais je comprends tout à fait la décision pour en avoir pris une semblable à cause du temps monstrueux nécessaire pour monter ce genre d’opération, bénévole, juste pour informer et donner une base de travail gratuite et la moins biaisée possible à qui y trouverait une utilité.

    Quand je lis ceci en conclusion :
    « je devais conclure en une phrase : on retrouve toujours la même amertume, les fans de la première heure n’acceptent définitivement pas de voir la J-Music se développer, être connue d’avantage du public, et surtout générer un minimum de chiffre d’affaires… C’est pathétique, pour ne pas dire pathologique. Et que faudrait-il donc faire pour les satisfaire un minimum ?  »
    Je me dirais presque qu’on ne vit pas sur la même planète XD
    Personnellement, je comprends très bien les objectifs et les stratégies d’une chaine comme Nolife, et je les respecte même si je ne ferai pas nécessairement la même chose. C’est juste regrettable de parler de pathologie et de dénigrer ainsi des opinions et des points de vue différents sur le monde, ainsi que la façon de l’aborder.
    Il y a incompréhension/méprise totale sur le rôle et les objectifs de chacun et dans un sens, ça fait peur :/

    Le petit monde des fans de Jpop-culture est décidément drôle :)

    Aie Aie Aie, j’ai beaucoup écrit en fin de compte. Bonne nuit ;)

    • Leïva a dit :

      (J’avoue, je suis directement passée au dernier paragraphe, je lirai ton pavé + les 5 de cet illustre inconnu plus tard…)

      Ah ben mince alors!
      Moi qui attendais toujours avec impatience les FJMA pour pouvoir me rattraper de tout ce que j’avais loupé pendant l’année… :(
      Oui, pcq je fais partie de cette race à part qui écoute TOUS les nominés (single ou album selon les catégories) avant de voter.
      Ca prend des plombes mais ça m’a à chaque fois permis de faire de bien belles découvertes…

      Mais je comprends tout à fait que tu décides d’en arriver là, vu le contexte et surtout vu le travail titanesque que ça demande…

      • Tom a dit :

        Je n’avais pas connaissance de ces billets postés par Zed, mais effectivement y répondre un minimum me semblait nécessaire.

        Tout ça pour dire que même si je trouve dommage que tu n’organises pas de JMA cette année, je comprends ta décision. D’autant plus que même si certains ne s’en rendent pas compte, cela représente un travail considérable d’organisation, de codage et de dépouillement. Sans oublier l’excellent compte-rendu que tu rédiges à l’annonce des résultats.

        Les gens ont tendances à oublier que tout ne leur est pas dû, que tenir un site/blog comme le tiens, ça se fait sur la base du bénévolat. Râler sur les délais de dépouillement ou sur l’objectivité du rédacteur, j’ai tendance à trouver cela déplacé. Après tout, un blog est là pour refléter l’opinion de l’auteur. Tout comme une critique, qui, comme tu le soulignes, n’est pas là pour donner une opinion neutre mais bien pour exprimer un avis, un ressenti.

        C’est relativement dommage, car c’est bien suite à ce type de réaction que la motivation des webmasteurs/blogueurs bénévoles est constamment tirée vers le bas… Et ce n’est pourtant pas grâce aux rares sources francophones « professionnelles » que le fan de culture asiatique ayant dépassé la puberté pourra trouver son bonheur.

        Cela mis à part, je rejoins ton avis concernant l’entêtement de l’industrie japonaise à se complaire seule sur leur archipel aux allures de bulle hermétique. Là où les coréens utilisent un maximum la carte des réseaux sociaux et du partage, les nippons s’évertuent à supprimer la moindre trace de leurs artistes. Il faudra un jour que quelqu’un prenne le temps de leur expliquer qu’ils se tirent une balle dans le pied. Ne pas trouver le moindre PV de Namie Amuro sur Youtube/Dailymotion de nos jours relève de l’aberration. Les majors de l’industrie coréenne s’investissent depuis le début de l’année afin de faire connaitre leurs artistes auprès du public international et force est de constater que leurs efforts sont plus que récompensés lorsque l’ont voit le nombre de concert sold-out organisés sur le continent européen au cours de l’année 2011. La Corée est tombée depuis plusieurs années dans une dynamique numérique, les ventes physiques des albums plongent pendant que leurs homologues digitaux explosent. Cependant, depuis plusieurs mois, on observe une tendance qui inaugure une reprise relativement forte des ventes d’albums physiques et qui s’explique en grande partie par l’intérêt suscité à l’étranger. Il est grand temps que les acteurs du marché musical japonais tirent des leçons du pays du matin calme, et ce n’est pas les chiffres fournis par Oricon qui me feront mentir. Ces derniers sont tout bonnement risibles comparés à ceux enregistrés il y a quelques années. Sans non plus prétendre redresser l’intégralité du marché grâce à l’ouverture aux vecteurs d’informations contemporains, je pense ne pas trop prendre de risque en avançant que cela ne pourrait être que bénéfique. Les Japonais se replient sur eux-mêmes pendant que les Coréens s’ouvrent à l’international. Il n’est pas difficile de comprendre alors comment la musique coréenne à réussi à s’imposer en l’espace de 3 ans comme un domaine incontournable de la culture asiatique, là où la J-Music régnait en maitre il y a moins de 10 ans.

        • Maître K a dit :

          Un billet qui a le mérite d’une bonne piqûre de rappel sur la façon de travailler des japonais et sur les difficultés de relation et les erreurs de promotions, entre autre.

          Je voulais juste souligner une chose importante:

          « C’est le téléchargement illégal qui a créé ce marché, aussi petit soit-il, et il ne pourra en être autrement tant que les Japonais n’auront, notamment, pas compris qu’un clip publié sur le web ou diffusé à la TV, c’est un outil de promotion indispensable, pas une propriété intellectuelle à protéger coûte que coûte. »

          Bien qu’étant opposé au téléchargement illégal par principe, je note quand même que les japonais auront fait un grand pas lorsqu’ils auront compris qu’une sortie itunes ou amazon-mp3 n’a pas de sens si elle n’est pas mondiale, surtout que la majorité de leurs artistes ne sont pas distribués officiellement hors du Japon (je veux dire par la: pas sous contrat local). Quand on ne donne pas aux fans le moyen de se procurer légalement leur musique, on mérite de se faire pirater, tout simplement !

          • Dr Gonzo a dit :

            J’ai du mal à suivre, d’abord tu dis ça :

            « Il faut rappeler avant tout que Nolife diffuse tous les clips que les maisons de disques acceptent de fournir, sans réaliser de sélection. »

            Ceci est faux, j’ai connaissance de plusieurs artistes nippons, dont certains en major, qui ont envoyé leurs clips à Nolife il y a quelques années sans jamais recevoir de réponse. Et pourtant croyez-moi qu’ils entraient les yeux fermés dans la tranche qualitative supérieure de la programmation de la chaîne. Mais c’est un détail, passons…

            et après tu dis ça, ce qui est exactement le contraire…

            Ah oui mais non. Les radios et TV « généralistes » ont un pouvoir gigantesque : celui de décider de ce qui va être diffusé et donc va avoir sa chance d’obtenir un succès commercial. Ce qu’ils font de ce pouvoir est un autre problème, mais là n’est pas la question. La différence pour Nolife c’est que Nolife n’a pas de pouvoir parce que Nolife n’a pas le choix. Zed le dit lui-même : Nolife passe TOUT ce qu’on lui confie. Donc ne peut pas se comparer à des media qui ont des politiques éditoriales, quelle que soit la qualité jugée de ces politiques.

            • Haru a dit :

              J’ai toujours cru et je le crois encore que Nolife est le pire moyen pour faire connaitre la J-music en France car ils diffusent QUE du visual kei et des idols (de me*de) même s’ils se sont diversifiés ces derniers temps. J’en ai marre de ce public d’adolescentes pré-pubères qui sont fans de leurs visu et ces otakus fans de leurs idoles. De surcroit s’ajoute le troisième phénomène que je déteste les chansons aseptisées coréennes qui se ressemblent tous les unes des autres. Je n’en peux plus !

              Le Blog J-pop et plus précisément les French Jmusic Awards me permettait déjà d’éloigner tout ce qui touchait la Corée bien qu’elle s’importe en masse au Japon (tout pour me déplaire), mais aussi ne se réduisait pas au visual kei et aux idoles. Le sondage comprenant les ‘vrais sorties nippones’, tant au niveau de groupe de Jpop, Jrock que nos bons vieux artistes solos en déclin !

              Alors moi qui te suit depuis mimu.net, si tu as besoin d’aide pour la version 2011 des French Jmusic Awards n’hésite pas je suis là ! Les gens sont ingrats et ne se rendent pas compte du travail que tu fournis à travers ces French Jmusic Awards BIEN PLUS PERTINENTS que Nolife (et JapanFM). Je comprend que tu peux être démotivé mais je veux bien te prêter main forte (bénévolement bien sûr) au cas où si tu changes d’avis et que tu t’apprêtes à faire cette version 2011. Je suis loin de connaitre qu’Ayumi Hamasaki, Utada Hikaru, Koda Kumi ou Ai Otsuka niveau solos tout comme pour les groupes, loin de L’arc~en~Ciel, Morning Musume., AKB48, An Cafe et the GazettE…

              Like you want :)

              • Tom a dit :

                J’allais faire une longue réponse, mais non. Comme quoi il ne faut pas être une nenette pré-pubère ou un otaku pour arriver à faire des généralisations pareilles.

                Concernant la Corée, il faut se poser les bonnes questions. Pourquoi ça marche si bien au Japon? Tout simplement parce que tous les artistes qui cartonnaient dans les classements j-pop sont incapables de se renouveler et sortent au grand public les mêmes sons depuis 10 ans. On ne peut pas reprocher aux gens d’accueillir enfin un peu de nouveauté. D’autant plus que les majors japonais n’ont rien compris et pensent encore pouvoir relancer un marché à moitié mort en appliquant une politique marketing archaïque.
                C’est facile de s’accrocher à ses antiquités en avançant avec des œillères. Avoir un minimum d’ouverture d’esprit et de curiosité pour filtrer l’abondance d’artistes en provenances de Corée et d’y trouver de vrais artistes, ça demande tout de suite plus d’efforts. Il y a quand même une différence entre ne pas aimer, et généraliser en disant que « tout ce qui passe sur No Life, qui sort de Corée (…) c’est de la merde ».

                J’écoute de la J-pop depuis plus de 10 ans et de la k-pop depuis plusieurs années également, pourtant je ne suis pas une collégienne, et je n’ai pas non plus de posters des AKB collés sur les murs de mon appart’.

                • Haru a dit :

                  Bien sûr Tom je suis tout à fait d’accord avec tes propos
                  Malheureusement ce que je dis à propos du visual kei et des idoles s’appliquent à au moins 75% des gens soit une écrasante majorité ! Je suis pas fermé d’esprit et je ne met pas tout le monde dans le même sac mais j’observe et je vois bien qu’en tête des classements Nolife on y trouve toujours les même type de groupe et les fans (du moins ces 75%) se ressemblent.

                  Je n’écoute pas la J-pop depuis aussi longtemps que toi mais je l’écoute quand même depuis plus de 5 ans soit 2006. (Même si je connaissais déjà des titres avant grâce à des jeux vidéos tels Final Fantasy mais je ne m’intéressais pas plus aux chanteuses)

                  J’ai bien compris le « phénomène Corée du Sud » et je m’y suis intéressé, je fais des généralités car aujourd’hui ce qui marche le mieux las-bas boys band comme girls band c’est les SNSD, 4Minute, BEAST, Tohoshinki, 2PM, SISTAR, T-ara, 2NE1, Super Junior etc. et pour moi ils font tous la même chose, c’est pas faute de chercher, des belles gueules, une chorégraphie bien menée, un son electro pour être dans le « move », soit un son qui passe partout et le tour est joué !

                  Après oui j’ai creusé j’ai creusé en Corée, je m’y intéresse je suis loin d’être inculte, des artistes (solos) comme Younha sort de lot. Je sais « filtrer des artistes » comme tu le dis et heureusement.

                  Concernant le Japon, je le sais qu’ils ne savent pas s’ouvrir à l’international comme le profite actuellement la Corée et pour preuve comme tu le disais pour trouver déjà un clip d’un artiste populaire japonais comme Namie Amuro sur YouTube ça relève du miracle si celui ci n’est pas supprimer dans l’heure ou les jours suivant sa publication. Je suis peut être alors ringard de m’attacher aux sons japonais c’est possible, je suis pas l’exemple à suivre loin de là, mais l’electro se banalise (depuis 2009-2010) et c’est un fait c’est tout…

                  Voilà, voilà, pour résumé moi aussi j’écoute de la J-pop depuis plusieurs années ainsi qu’un peu de K-Pop quand le cœur me le dit et surtout quand l’artiste en question mérite mon soutien, et je n’ai pas non plus de posters des AKB collés sur les murs de mon appart’ ;)

                  • Van a dit :

                    Bon j’ai tout lu, je suis globalement d’accord avec l’analyse de Shito et je comprends pourquoi il n’ait plus envie d’organiser les French J-music Award. On verra si quelqu’un reprendra le concept, en ce moment il y a pas mal de blog et communauté qui bougent… On verra, en tout cas ça sera pas moi mdr…

                    La K-pop est un peu un phénomène de mode (apparus avec le boom économique de la Corée et leur besoin d’tendre leur culture), car au final ils se contentent de faire la même chose que les japonais en moins cher, avec peut-être un peu plus d’efficacité et de fraicheur. Les artistes s’exporte bien hors Asie par le fait que tout est discount et donc très rapidement rentable, contrairement au Japonais qui ne seront jamais rentable en exportation.
                    Leur succès au Japon est assez étrange… Exotisme ? Beauté et jeunesse des chanteurs par rapport au japonais ? Pour les filles c’est plus simple le succès des AKB vient de l’exploitation commercial perverse tellement rentable au japon…
                    On parle ici des groupes et artistes sans grand talent totalement pré fabriqués à des fins commerciales… Pour le moment peu d’artistes, crédibles artistiquement, ressortent de Corée. Mais vu le boom économique de ce pays ça ne devrait pas tarder.

                    • Maître K a dit :

                      Van,

                      Les artiste coréens crédibles artistiquement existent, ils sont juste noyés dans la masse des productions commerciales !

                      Sinon, la volonté d’exportation des artistes coréens n’a rien à voir avec une question de rentabilité, mais de nécessité. Le marché coréen est beaucoup plus étroit que le marché japonais et les productions avec un minimum d’ambitions n’ont pas d’autre choix que de s’exporter pour croitre. C’est d’ailleurs un problème que l’on rencontre ailleurs que dans le domaine musical au Japon: beaucoup d’entreprises sont frileuses fasse à l’exportation et préfèrent le confort (relatif) du marché intérieur. Les mentalités changement gentiment, crise oblige, mais les coréens ont clairement un coup d’avance pour le moment.

                      • Van a dit :

                        En fait je parlais d’artistes Coréens crédibles qui s’exportent vers l’Europe. Dans le genre Youn Sun Nah. Mais je suis d’accord avec ton analyse.

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