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Critique album : Ayumi Hamasaki – FIVE

9 septembre 2011 6 Commentaires

Comme d’habitude à la sortie d’un nouvel album d’Ayumi Hamasaki, certains de mes contacts me font l’honneur et la curiosité de se demander ce que j’en pense. Comme d’habitude, j’essaie de ne pas trop vendre la mèche histoire de conserver un minimum d’intérêt à ma critique du CD. Et comme d’habitude, il y en a plusieurs pour prévoir un lynchage en règle, m’accuser par avance d’injustice et de discrimination, parce que vous comprenez, je suis toujours méchant avec Ayu, ce qui s’explique, évidemment, parce que je suis un adorateur indéfectible de Namie Amuro. Alors d’habitude, je m’efforce de riposter en rappelant que j’ai longtemps été l’un des plus fervents fans d’Ayumi Hamasaki, en rappelant aussi qu’un petit tour sur mes récents articles sur Ayu permettrait de vérifier que non, je ne suis pas devenu un détracteur inconditionnel. Mais il n’en sera rien ici, car la chanteuse me donne une occasion en or de satisfaire tout le monde avec le mini-album FIVE qui, en toute honnêteté, ne mérite rien de mieux qu’une lapidation en bonne et due forme. Voici donc ma critique de FIVE, ou 5 bonnes raisons de lancer des pierres sur Ayu jusqu’à ce qu’une mousse aux teintes saumonées lui sorte du crâne, de la bouche et des oreilles. J’exagère à peine…

Raison n°1 : Leslie Kee

Le célèbre photographe singapourien Leslie Kee aurait vendu son père, sa mère et même son harem de beaux garçons personnel pour assurer la promotion de FIVE. Le roi du buzz, c’est lui, avec notamment un boucan phénoménal sur twitter autour de cette nouvelle collaboration avec Ayumi Hamasaki. Et force est d’avouer que son boulot est plutôt réussi : les jaquettes sont superbes, les photos promo tout aussi excitantes. La chanteuse y est tout simplement magnifique, charismatique, parfaitement mise en valeur par des clichés aux lignes graphiques, aux tenues très classes, aux finitions soignées. Non clairement, c’est là l’un des meilleurs habillages de la carrière d’Ayu, qui laissait légitimement espérer que le contenu soit à la hauteur de l’écrin. La promesse est évidemment non tenue, et il y a de quoi en tenir rigueur à l’ami Leslie. Il eût été beaucoup plus honnête à l’égard du contenu du CD que de s’appuyer sur les visuels de fort mauvais goût du clip de BRILLANTE, ou mieux encore, du clip de beloved : en plein phénomène Masterchef, cette version revisitée de la paupiette de dinde présentant Ayu empaquetée dans une robe de crépine aurait été beaucoup plus représentative de la qualité musicale de l’album…

Raison n°2 : Yuta Nakano

Alors celui-là… Yuta Nakano est à Ayumi Hamasaki ce que le maroilles est au Nord de la France : une composante emblématique certes, mais qui pue comme c’est pas permis, et qui rend dégueulasse à peu près tout ce qu’elle touche. Il y a de nombreuses constantes dans la carrière d’Ayu, mais c’est sans doute l’une des plus inébranlables : toute chanson arrangée par Yuta Nakano est une chanson perdue. La faute, notamment, aux indéboulonnables violons synthétiques nauséabonds que ce terroriste bourrin impose contre vents et marées sur la quasi-totalité de ses réalisations. Et bien pas de bol cette fois, puisque Nakano est en charge non pas de une ou deux pistes, mais de l’intégralité des arrangements de FIVE. Pire : comme s’il n’était pas suffisant de déchirer l’anus des fans avec une batte de baseball en leur annonçant cette nouvelle, avex y rajoute des punaises et des gravillons en confiant à Nakano la composition de deux titres. Dans ces conditions, il était impossible que le psittacisme aggravé de Nakano ne nous saute pas aux yeux, mais à ce point, ce ne sont plus des rayures qu’il y a sur son disque, ce sont des gouffres…

Le résultat ? Après l’impression de changement, l’homogénéité et la maturité qui se dégageaient de Love Songs, Ayu fait le choix du back to basics version le pire du pire, compilant les travers les plus affreux de ses collaborateurs attitrés aux siens en à peine 4 morceaux. Ca commence avec progress, son intro à la mélodie chiantissime et aux cordes pompeuses, ses arrangements décousus aux changements de rythme hasardeux pondus sur une boîte achetée en soldes, ses vibratos poussifs qui signent leur retour alors qu’on ne les regrettait pas une seconde, son refrain hyper-caricatural pondu au shaker à partir des derniers morceaux « rock » de la chanteuse avec mention spéciale pour le pont instrumental à la guitare électrique et les « wowow » finaux, et puis bien sûr, les nappes de violon synthétiques dégobillés sur l’ensemble du titre. On enchaîne avec ANother song, sorte de resucée discount boum-clap boum-clap de A song is born où tout, mais absolument TOUT est à jeter : la mélodie principale au synthé qui donne envie d’avaler cul sec une bouteille de vodka coupée à l’eau de javel, la rythmique ultra-basique dont même Utada n’aurait pas voulu pour son single Come Back To Me (et pourtant dans le genre, elle a fait fort), les carillons de poudre magique piqués aux péruviens qui font la manche dans tous les centre-villes de France le samedi après-midi, et bien sûr l’interprétation, mais ça j’y reviendrai. En parlant des violons fétides, des vibratos agonisants et des carillons pestilentiels, on les retrouve aussi à outrance sur beloved, qu’on pourra décrire comme une version longue de l’intro de progress qui lorgnerait aussi du côté de Curtain Call sans réussir à trouver le petit supplément d’efficacité qui en faisait un morceau un minimum écoutable. Et on les retrouve encore sur Why… feat.JUNO qui cristallise tout ce qu’il peut y avoir d’insipide dans les « ballades rock » d’Ayu ces x dernières années pour faire de ce duo une pure bouse, ni plus ni moins.

Raison n°3 : Naoya Urata et JUNO

Ayumi Hamasaki est une femme de coeur, qui se distingue du reste de l’élevage avex, globalement très obéissant, par sa droiture et sa fidélité tant aux hommes qu’aux principes, pour la défense desquels elle n’hésite pas à se dresser, y compris face à ses fans. Voilà une qualité qui a priori incite au respect. Sauf qu’Ayu ne sait pas s’entourer. En plus de nous coûter très cher en pansements gastriques à cause ce satané Nakano depuis des années, sa fidélité nous impose aujourd’hui deux nouveaux boulets : JUNO, le frangin de Junsu (JYJ, ex-Tohoshinki), et surtout Naoya Urata. Le premier est le petit nouveau de la bande : après s’être prise d’une véritable addiction pour les Tohoshinki, Ayu n’a pas manqué de se faire présenter les cinq beaux gosses à la première occasion. Et lorsque Max Matsuura est parti en quête d’un moyen d’introduire à son tour JUNO sur le marché japonais, la chanteuse ne s’est pas faite prier. Sauf qu’un complexe de Caïn et quelques heures par semaine dans une salle de sport ne suffisent pas à faire de JUNO un garçon talentueux. Et sa prestation mielleuse sur une ballade pauvrissime dépourvue de toute difficulté technique suffit à démontrer ses limites en matière de chant et son absence totale de charisme. Dès lors un seul constat : Why ? porte lamentablement bien son titre…

Quant à Naoya Urata, l’histoire est encore bien plus belle : figurez-vous qu’il a tout d’abord commencé comme back-dancer sur les tournées d’Ayu avant d’intégrer le groupe AAA, pour finir par se lancer en solo avec un premier single produit par la Jpop queen. Pas surprenant dès lors qu’Ayu s’investisse à fond pour promouvoir son poulain, avec la mise en avant importante de cette nouvelle collaboration (et même une troisième puisqu’une version alternative de Why ? en duo avec Urata se planque -elle fait bien- en fin de CD). Seul petit problème : les fans d’Ayu, ils aiment pas Naoya. Et ils n’ont pas tort, parce qu’il n’a pas grand chose pour lui, le bougre. Sauf qu’Ayu est avec ses protégés comme avec ses petits chiens : plus attachée et protectrice qu’une vieille gâteuse à qui il ne reste plus que son caniche abricot pour donner un sens à sa vie. Si bien que même lorsque ses supérieurs, Max Matsuura en tete, l’implorent d’abandonner son animal domestique sur le bord de la route pour calmer la colère des fans, Ayu s’entête, en se fendant au passage d’un communiqué larmoyant sur twitter. Admirable, mais malheureusement pas au bénéfice de nos oreilles…

Raison n°4 : Timothy Wellard et BRILLANTE

Décidément, Ayu n’aura jamais autant ressenti le besoin de s’entourer d’hommes que depuis qu’elle s’est mariée. Mais son lointain époux peut dormir sur ses deux oreilles, parce que la chanteuse semble renouveler ses fréquentations dans les bas-fonds des night-clubs gay-friendly de Shinjuku. Après Leslie Kee, fétichiste s’il en est du nu masculin tous poils dehors, un nouveau venu dans la team d’Ayu : Tim Wellard, chanteur (qui reprend sur youtube Madonna et Annie Lennox), compositeur, mannequin, ami sur Facebook d’un paquet de gaijin (ou non) plus follasses les uns que les autres, et lui-même suffisamment à l’aise dans son rôle d’éphèbe efféminé au milieu des guignols en slip du clip de BRILLANTE pour qu’on ne se pose guère de questions à son sujet. Figurez-vous donc que cet illustre inconnu surnommé « Timmy » par ses intimes a, par je ne sais quel miracle, eu l’opportunité de faire écouter ses travaux au staff d’Ayu, et qu’il est donc le compositeur de BRILLANTE, le morceau qui a de loin fait le plus parler de lui parmi les titres de FIVE. Il en a même chanté les choeurs.

Alors coupons court tout de suite au flux ininterrompu d’éjaculations verbales qui ont accompagné la publication de cette chanson : non ce n’est pas le chef d’oeuvre dont on parle tant, il ne faut tout de même pas exagérer. C’est simplement que niché au milieu d’une collection de déchets, BRILLANTE ne pouvait que sortir nettement du lot. Pour le reste, la chanson fait preuve d’une ambition indéniable, et a le mérite d’offrir à Ayu une composition grandiloquente à la hauteur de son statut, ce qui change un peu. Mieux encore : pour une fois Yuta Nakano n’a pas trop massacré le truc (le chef d’oeuvre, s’il y en a un, est sans doute là) : tout juste pourra-t-on lui reprocher un petit synthé discret sur les couplets, à part ça l’orchestration est bonne, les choeurs sont bien intégrés, la petite touche de guitare et la rythmique aux accents étniques font du bien par où elles passent. On peut clairement parler de réussite ! Mais pourquoi, dans ce cas, en faire une raison de jeter des pierres à Ayu ? Et bien tout simplement parce que ça nous rappelle qu’en dépit des innombrables déceptions qu’elle nous cause depuis de longues années, elle a encore, de temps en temps, de jolies choses à nous proposer. Ce qui nous oblige à continuer à écouter ses sorties suivantes. Et nous a infligé notamment le calvaire des quatre autres titres inédits de FIVE, qui aurait teeeeeellement mieux fait de s’appeler… ONE.

Raison n°5 : Memorial Address

Fin 2003, Ayumi Hamasaki sortait son premier mini-album : Memorial Address. Un opus qui marquait tout simplement une révolution dans la discographie de la chanteuse, laquelle délaissait alors un peu le créneau pop/dance pour un virage plus pop/rock très, très réussi. Ce créneau, elle l’occupe depuis quasiment sans varier, toujours entourée des mêmes collaborateurs. Et voilà bien longtemps que tout cela tourne en rond et ennuie une bonne partie de sa fanbase d’origine. L’annonce d’un nouveau mini-album, qui plus est après le petit tournant perçu sur Love Songs, avait de quoi aiguiser l’appétit, car ce format est souvent propice à la mise en valeur d’un concept : sinon, autant répartir ça sur un ou deux maxi-singles. Malheureusement au final, FIVE ne vaut pas grand chose en tant que mini-album : un bon morceau ne suffit pas à sauver les quatre autres abominables. La même chose présentée sous la forme d’un single intitulé BRILLANTE avec 3 faces B pour faire plaisir aux fans, puis les deux versions de Why? dans un anecdotique autre single concept sorti cet automne, et tout ça eut été beaucoup plus digeste. A quoi ça sert d’avoir une team entière de managers et deux pages bien pleines de crédits dans le livret de FIVE si personne là dedans n’a su énoncer cette évidence entre deux soirées arrosées ?

Voilà donc 5 bonnes raisons de lyncher ce mini-album prometteur par son concept et son habillage, et terriblement pathétique par son contenu. A quoi sert d’amorcer un tournant plus mature et plus posé dans son album précédent si c’est pour revenir à ses recettes et travers habituels dès la sortie suivante, qui plus est sans la moindre efficacité ? Le seul morceau décent du CD ne parvient pas à le sauver, pas plus que les clips de la version CD+DVD dans lesquels il ne se passe pas grand chose, et dont on ne pourra que saluer la qualité photographique, attendue mais réelle, de deux d’entre eux (beloved et BRILLANTE, réalisés par le… photographe Leslie Kee). FIVE est un peu à l’image de ce qu’est le marché musical japonais aujourd’hui : un ramassis d’effets d’annonce qui cachent un produit timide, reposant sur des poncifs éculés, surfant un peu sur la vague kpop, et n’assumant pas le peu d’audace dont il fait preuve. Pourtant s’il y en a une qui dispose d’une fanbase encore suffisamment solide pour se permettre un peu de fantaisie, c’est bien Ayumi Hamasaki. A quand ?

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6 Commentaires »

  • Maître K a dit :

    Pas mieux…

    Enfin si: je me suis réécouté LOVEppears dernièrement. Du coup ça fait encore plus mal.Ceci dit, progress a quand même un mérite: réussir à résumer en un titre pratiquement TOUT l’univers musical d’Ayu ces 6 dernières années. Honnêtement, je crois qu’ils n’ont rien oublié dans ces arrangements, tellement tous les clichés y sont (rhaaa quand les « wowow » arrivent sur l’outro, un grand moment). Mais alors, ses collabos à 2 balles, faut qu’elle arrête… mais VRAIMENT !

    • Kane a dit :

      On attend effectivement la fantaisie.
      Je suis fan d’Ayu depuis pas mal d’années mais là franchement c’est n’importe quoi. Frustration ultime avec BRILLANTE sans aucun doute oui, sachant qu’elle aurait pu faire 4 autres titres de ce niveau mais qu’elle a préféré mettre en avant les atroces JUNO et Urata. Quand je pense qu’après A song is born j’ai attendu un duo en me disant qu’Ayu n’en ferait qu’avec des personnes bien choisies, ayant un minimum de talent… j’en suis rendue à espérer qu’elle ne chante plus jamais en duo.

      • Kitty a dit :

        J’aurais pas vraiment employé ces mots, mais l’idée est là! Et je suis d’accord!
        Après Love Song je m’attendais a quelque chose d’équivalent voir meilleur! Mais il faut bien constaté que sur ce coup elle a tout raté la miss Ayu!
        Autant son premier duo avec Naoya était plutot pas mal, autant là c’est …. (je ne trouve même pas de mots pour m’exprimer§ Ayu je suis désolée mais les duo ce n’est aps ton truc (où alors fait le avec de vrais chanteur)!! A ce rythme là on va avoir droit a une tournée « Ayu & friends »! Quel fasse un truc avec ses potes ok, mais là ça devient lassant!
        Je suis une très grande fan d’Ayu mais je dois dire depuis quelques temps qu’elle me déçoit de plus en plus! J’en suis même a regretter mon achat!
        Pour moi ce mini album ne sera pas marqué d’un franc succès et il passera vite aux oubliettes!

        • Van a dit :

          Pas fan habituellement pour moi c’est toujours mauvais, peut être pire, car j’avais trouvé quelques titres des deux précédents albums, tout à fait écoutable, malgré l’insupportable voix de la chanteuse…
          Sinon la ballade est plutôt sympa… avec une autre chanteuse évidement.
          Sinon, elle a fait des effort pour la cover, c’est vrai, car d’habitude… Je pense qu’il faut considérer ce mini album comme un single non ?

          • soundslikebliss a dit :

            Sérieusement, il faut qu’elle arrête de sortir des CD avec une seule bonne chanson noyée dans une daube fadasse inécoutable. C’est quand même le summum du foutage de gueule. Brillante est le seul titre digne de ce nom sur cet EP… même si le clip est ridicule.

            Apparemment même les fans s’en rendent compte, c’est déjà ça.

            • meganekun a dit :

              A la vue du design du site et de son nom, j’avais préjugé hâtivement que ce papier serait une pénible dithyrambe… Qu’elle fut ma surprise quand je me rends compte qu’il s’agit en fait d’un cassage de genoux dans les règles de la pauvre Ayu!

              Non pas que ça me réjouisse particulièrement (j’en ai pas grand-chose à carrer, je connais que Seasons comme morceau d’elle) mais j’apprécie la surprise. Et en plus le coin est propre, ça sent bon et les tauliers savent écrire… Alors je reviendrai de temps en temps!

              Meganekun, va googler Leslie Kee de ce pas.

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