Découverte : ITSUE

Amateurs de rock à l’atmosphère résonnante, de guitares perçantes et distordues, de voix féminine profonde aux aigus légers comme une plume, de compositions planantes et dramatiques; amateurs de Cocco, HEAVENSTAMP, Nichika, ou encore plenty… Réjouissez-vous, car l’année 2012 nous a offert un nouveau groupe fort prometteur pour alimenter nos bibliothèques iTunes. Répondant au nom d’ITSUE, ce quatuor indépendant a fait l’actualité en mars dernier avec son premier mini-album, couronné par une recommandation de la chaîne de magasins TOWER RECORDS. Cette semaine est sorti le premier single du groupe, qui confirme tout son potentiel. Ne passez pas à côté !

Comme souvent avec les jeunes formations indépendantes, on ne sait pas grand chose du passé de ses membres. En 2008, le bassiste Yoshiya Baba et le batteur Daisuke Yoshida croisent le chemin de la chanteuse Mizuki au cours d’une tournée, et tombent littéralement amoureux de la voix de la jeune fille. Ensemble, ils décident de commencer à écrire et composer, et finissent par créer un groupe, rapidement rejoints par le guitariste Kuji Yoichiro : ainsi est né ITSUE. Dès 2010, ITSUE réalise ses premières démos, et enchaîne les lives. Fin 2011, le quatuor crée son propre label, Dramatic db, sur lequel sort un premier mini-album de 7 titres le 7 mars 2012 : Ikutsu mono e.

Sur ce disque, ITSUE pose les bases de son univers, qui réussit le pari peu évident de rendre « commercialisable » un style musical souvent plus apprécié en live et donc réservé à un public plus averti : un post-rock qui se revendique à la fois sombre et très beau, à la fois dramatique et aérien, à la fois épuré et riche, le tout étant sublimé par la voix assez magique de Mizuki. Très franchement, ITSUE n’invente pas grand chose : sa force est plutôt dans le soin et la puissance apportés à chaque morceau. En témoigne par exemple la superbe ballade Aoi tori, planante et subtile, qui introduit une très jolie voix avec une belle résonance et de délicates modulations, et se charge d’une atmosphère rock apocalyptique au fil des minutes, sans surprise aucune mais avec un impact probant. Dans un registre similaire aussi, un vrai coup de coeur pour Seikatsu : une ballade garage-rock à la ligne mélodique répétitive hypnotique et à la dramaturgie très développée, qui possède un je-ne-sais-quoi du Creep de Radiohead, et où Mizuki fait merveille de nuances avec des montées impressionnantes de fluidité dans les aigus. L’ensemble du disque est clairement taillé pour le live, avec pas mal de passages très classieux où Mizuki choisit la sobriété alors qu’on sent bien qu’elle en a encore énormément sous le pied, sans oublier des mélodies qui prennent, comme par exemple sur End of Sorrow un peu plus teinté pop-rock dans l’esprit tout en gardant une orchestration cohérente avec le reste du CD. L’ensemble manque peut-être un tout petit peu de punch et de variété pour être réellement qualifiable de chef d’oeuvre, mais promet déjà beaucoup !

 

Premier single : Yasashii shikitachi, sortie de la semaine !

Le 5 décembre dernier, c’était donc au tour du premier single du groupe d’arriver dans les bacs nippons. Intitulé Yasashii shikitachi, cet opus comporte quatre chansons inédites qui marquent encore un peu plus le coup; à commencer par le titre porteur du single, Umi e kaeru, qui pour le coup est une vraie réussite ! Introduite par le bruit de la mer, la chanson débute très lentement sur quelques arpèges posés sur une batterie sourde, tandis que la voix résonnante de Mizuki s’élève, profonde, avec ce petit accent au marshmallow dans la bouche qui lui va si bien. Court intermède à la guitare, et l’atmosphère se charge de guitares électriques dans une montée progressive qui explose sur un refrain de pure ballade rock dramatique au possible où les « Okaaaaeri » sublimes décrochés en voix de tête par Mizuki filent les frissons ! La suite est du même acabit avec en vrac une virée a capella, une basse distordue, une batterie puissante, et une boucle bouclée avec le bruit des vagues qui vient conclure le morceau comme il l’avait commencé. Tout simplement superbe !

En face B, on trouve notamment ce rock’n’roll conduit à toute vitesse qui nous avait manqué jusque là avec Kairou. Oui, celui-là même qui fait marquer le rythme de la tête sans même s’en rendre compte, porté par une ligne de basse frénétique et une batterie menée tambour battant ! Ah certes, la chanson n’invente rien, mais la part belle laissée aux instruments et l’efficacité avec laquelle le groupe exécute une composition pas si convenue que ça fait mouche. Plus quelconque mais non moins agréable à l’écoute, Hajimari no kokyuu ne pèse toutefois pas bien lourd devant l’ultime piste du CD, intitulée Toki no yurameki. Assez indescriptible, ce morceau toujours très rock est un vrai travail d’orfèvre instrumental, avec des ornementations riches et subtiles venues de la basse et de la guitare, des changements de rythme incessants (dont un trip en ternaire brillant), et une composition complètement barrée qui finit toujours par retomber sur ses pieds dans un refrain enlevé de toute beauté. A n’en pas douter, ITSUE tient là une chanson taillée pour des fins de concert absolument épiques !

L’année 2012 nous aura fait deux beaux cadeaux dans un registre post-rock vocal que j’affectionne de plus en plus : d’un côté HEAVENSTAMP, pour moi le groupe le plus convaincant de l’année; et de l’autre ITSUE, dont les productions expriment probablement leur plein potentiel sur scène, mais semblent apprivoiser de mieux en mieux le rendu studio. Je ne peux que conseiller aux derniers retardataires de se pencher sérieusement sur le cas de ces deux formations, que je suivrai pour ma part avec beaucoup de curiosité et dont j’attends les prochaines sorties avec déjà beaucoup d’impatience !

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