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Critique DVD : ONE OK ROCK – This is my Budokan

20 mai 2011 5 Commentaires

C’est en allant relire sur le blog mon dernier billet tout juste posté que je me suis rendu compte à quel point mon assiduité de ces derniers mois a été catastrophique. Passe encore que les résultats des JMA aient été publiés avec x semaines de retard, ou que mes billets soient plus rares encore que les news sans erreur sur JaME (ok, j’exagère)(un peu). Non, la catastrophe, le comble, c’est qu’en 2011 je n’avais pas encore pris le temps de parler de… musique. De chiffres, de statistiques, du marché, de quelques news, oui. Mais de musique, une vraie critique de disque, il n’y en a pas eu cette année. Il y a pourtant tout un tas de CDs dont j’aurais eu des tas de choses à dire à leur sortie, mais de longs mois après, cela vaut-il encore le coup ? Je vais tâcher de me convaincre que oui et commencer par une chronique d’un de mes gros coups de coeur de ces derniers mois, à savoir le DVD This is my Budokan (CDJapanYesasia)de ONE OK ROCK. En son temps, l’album Niche Syndrome de ONE OK ROCK m’avait déjà valu de leur pondre un éloge en règle. La règle est plus que jamais de rigueur puisque le DVD en question, sorti fin 2010, relègue cet album au rang de vulgaire mise en bouche…

La stratégie du groupe et de son management avait été énoncée clairement : profiter des moyens et de la visibilité apportés au label par le succès de flumpool pour consolider les résultats de ONE OK ROCK au Japon. Moins assumée mais tout aussi évidente, la volonté de « prendre la place » laissée vide par la dissolution d’ELLEGARDEN, ou du moins de s’inspirer fortement de la trajectoire glorieuse suivie par le groupe de Takeshi Hosomi (ce n’est d’ailleurs pas un hasard si ONE OK ROCK a tourné avec la nouvelle formation du chanteur, the Hiatus). La méthode est finalement assez simple : des sorties d’albums relativement rapprochées pour toujours occuper l’espace, ne jamais laisser aux fans le temps de se lasser pour aller voir ailleurs, toujours avoir son nom quelque part sur les sites et dans les magazines spécialisés; un single de temps en temps pour gagner en visibilité, mais sans en faire trop pour ne pas passer pour un groupe trop « commercial »; et puis surtout une carrière axée sur le live, avec des tournées régulières, assez longues, dans des salles de dimension variable, et en collaboration avec tout un tas d’autres formations (pour d’une part séduire leurs publics respectifs, et d’autre part compenser la jeunesse relative des membres du groupe avec une crédibilité de leader sur la scène rock). La mission a pris un peu plus de temps que prévu suite à l’affaire de l’éviction du guitariste Alex à cause d’une ridicule affaire de moeurs, mais ONE OK ROCK s’en est très bien sorti, se faisant oublier quelques temps pour mieux revenir et ne plus s’arrêter de remplir les salles. Jusqu’à avoir droit aux honneurs du Budokan, l’une des plus belles et des plus prestigieuses scènes du Japon.

Budooooooooooookaaaaaaaaaaaaaaaan !!!!!!!

Le Budokan, une salle qu’on dirait conçue sur mesure pour ONE OK ROCK au visionnage de ce DVD qui multiplie les qualités techniques. L’image est superbe, offrant un rendu magnifique des jeux de lumière, notamment sur les plans larges laissant apparaître la fosse dans son intégralité. Le montage est ultra-nerveux sans pour autant donner le tournis, car il est également subtil : changements de focale, gros plans, travelings et contre-plongées parfois vertigineuses sont servis par des cadrages très soignés, une grande attention portée à la photographie, donnant naissance à de superbes plans longs en pieds ou en plan américain sur Taka, des vues du plus bel effet shootées depuis derrière le batteur, ou encore ces fameux plans larges latéraux orgasmiques du groupe faisant face à la foule, vraiment impressionnants. Ah ça, ils ont mis les moyens, mais aussi et surtout ils ont utilisé ces moyens avec une rare intelligence, à commencer par l’éclairage, qui n’a rien de révolutionnaire, mais est placé  de manière très bien pensée pour créer des ambiances particulières et renforcer l’immersion et la mise en valeur photographique des artistes. Et puis aussi une mention spéciale pour la prise de son parfaite, très claire, très bien spatialisée, permettant d’apprécier pleinement tout à la fois l’ambiance, la performance de chacun des musiciens, et bien sûr la prestation vocale ahurissante de Taka.

Taka, parlons-en. Parce que même si Ryota livre une performance irréprochable à la basse, même si Toru nous offre quelques solos épiques et enchaîne les riffs vitaminés avec une maîtrise indéniable tout au long du concert, même si la prestation de Tomoya est tout simplement exceptionnelle d’énergie et de constance à la batterie, Taka sort clairement du lot, Taka est un surdoué, un génie, un extra-terrestre, un monstre. Son premier mot sur ce DVD sonne comme une promesse : un rugissement, « Budoooookaaaaan », court, net, qui à lui seul suffit à instaurer une ambiance dont l’intensité ne retombera pas une seconde de tout le concert. Pas plus d’ailleurs que la qualité de la prestation vocale du chanteur, c’est à se demander comment il fait. Outre son timbre incroyable (qui fait tout de même l’objet d’une retouche compressive soit en live soit en post-prod, en témoigne la prise de son beaucoup plus brute du disque bonus), l’artiste chante très juste, multiplie les notes aigues, se déchire la gorge à de multiples reprises, alterne hurlements, rap et scansion avec chant en voix claire, sans jamais faillir : si ça ce n’est pas un don du ciel, putain, je veux bien me faire épiler les mamelons à la super glu et me faire réveiller tous les matins par le single de Rebecca Black pour avoir la même voix en échange. Mais il n’y a pas que ça, il y a le style aussi : la tignasse indisciplinée, la chemise blanche d’étudiant boutonnée jusqu’en haut, manches retroussées, jean noir, baskets blanches, Taka cultive une image simple de garçon à la fois sage, pas spécialement beau gosse mais bien dans sa tête et décomplexé, de quoi assurer le consensus. Sauf qu’une fois sur scène, le mec dégage, et quelque chose de bien. Il tient son micro (filaire) poing serré sur la tête, occupe sa scène à la perfection, avec un charisme dingue pour un jeune de son âge, à l’aise tant dans le dynamisme et le mouvement perpétuel (sans jamais paraître essoufflé !) que dans le flegme et les quelques moments plus figés, plus solennels, et bien sûr dans les rapports directs au public, qu’il s’agisse de l’interpeller ou de prendre le temps de lui raconter des vannes. Le fruit sans aucun doute d’une formation chez les pros à l’école de la Johnny’s Jimusho, mais franchement, qu’est-ce que je suis content qu’il ait finalement décidé de faire autre chose de sa carrière que des mimiques niaiseuses dans un groupe de gringalets tout juste bons à tremper la culotte de vierges destinées à le rester, ou de vieilles filles nostalgiques du dit-pucelage…

Shake it down and Kiss my ass

Aucun intérêt sinon de faire dans le détail de la tracklist : le concert est mené tambour battant de bout en bout avec un niveau d’excellence impressionnant, une énergie folle, des artistes qui prennent visiblement leur pied et un public complètement conquis. Je vais quand même tâcher d’en relever quelques moments forts, à commencer par le premier morceau, Never let this go, fulgurant. Kaimu séduit énormément par sa rythmique entêtante au possible, mais ce n’est rien à côté de Shake it down, absolument dantesque avec l’un des refrains les plus efficaces de la setlist (et des couplets aux paroles scandées bien comme il faut, « Kiss my ass » compris : quand il veut si ça peut le motiver à ramener le cul en question jusque chez nous) ! Gros coup de coeur aussi, évidemment, pour WHEREVER YOU ARE, l’une de mes chansons préférées du dernier album. Car certes c’est de la ballade emo cliché au possible, mais c’est juste tellement, tellement bien fait, et ici tellement bien chanté, avec une prise de son tellement léchée, une réalisation tellement bien ficelée, un rendu tellement prenant, ça résume tellement bien les innombrables qualités de Taka, tellement, tellement que j’ai bien dû me repasser ce passage une cinquantaine de fois depuis la sortie du DVD en prenant toujours un pied fou. Liar : même combat dans un genre qui n’a rien à voir, celui du rugissement et de la fureur sur fond d’images stroboscopiques sur écran géant qui ont du faire claquer 95% des épileptiques de la salle, une boucherie que Taka finit à genoux. Koi no Aibou Kokoro no Kupido, Answer is near et Hitorigoto Loneliner aussi éclatent bien, avec une mention spéciale à la première où Taka coordonne un micro-silence total du groupe et du public juste derrière un solo de Ryota : le résultat est sans doute fignolé en post-prod, mais tout simplement orgasmique. Quant au final sur Nobody’s Home il est énorme, avec bien sûr ce qu’il faut d’engagement mais aussi de communion avec le public pour terminer le show en beauté.

Non vraiment, je crois que je peux difficilement être plus clair, et ceux qui n’ont pas compris feraient mieux de s’essayer à la peinture sur assiette ou au tressage de poils de yorkshire, je ne vois que ça pour ne pas trop perturber leur cervelle sclérosée. Ce DVD est une T.U.E.R.I.E, à faire passer Freddy Kruger pour un collectionneur de Petits Poneys, à faire danser la ginguette à un tétraplégique sous quintuple perfusion de morphine, à donner le barreau du siècle au plus phallophile des fans de Lady Gaga qu’on aurait enfermé dans un harem d’infirmières bulgares aux cuissots de sangliers. Un show qui vaut bien 5 « Live in Paris » de L’Arc~en~Ciel, 18 Bataclans remplis de verres en cristal brisés par KOKIA, 25 orgies de poupons et barbies interchangeables made in SM Town au Zénith, 382 grincements de rotule d’X Japan à Japan Expo, 8925 couinements en choeur des Morning Musume ou 3.844.925 litres de peinture sur la tronche des guignols de Versailles, HITT et Aoi étant évidemment hors concours parce que je ne sais pas compter assez loin pour y faire allusion. Mais le pire c’est que tout le monde le sait, il n’y a guère que ONE OK ROCK eux-mêmes et surtout leur management qui semblent n’en avoir cure. Si je dis que je m’engage à ce que mon live report de leur utopique premier concert en France soit le dernier torchon sur la Jpop que j’écrirai de ma vie, ça motive quelqu’un à financer leur déplacement ? Non parce que je serais prêt à m’y résoudre, s’il le fallait. Juré, craché !

ONE OK ROCK – This is my Budokan – AZBS-1004 – 28-10-2010 – CDJapanYesasia

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5 Commentaires »

  • Sailor Ocean a dit :

    Oh oh, ta critique me donne sacrément envie ! Je pense que je vais aller regarder ça alors. J’avais pas mal aimé leur dernier album, et j’ai commencé à me faire leur discographie, à laquelle j’accroche pas mal – mais je vais assez lentement.

    Je note donc ça sur ma liste de choses à faire après mes exams.

    • chtite_asu a dit :

      Ah, je l’attendais celle-là !

      J’avais regardé le DVD après que tu aies dit qu’il était excellent sur facebook il y a un petit moment. C’est vrai que ça faisait longtemps que je n’avais pas vu un aussi bon concert d’un groupe de rock.
      Pour une première au Budokan, ils sont vraiment à l’aise (plus que flumpool je trouve d’ailleurs).

      Je plussoie pour le look ringard qui fait toute la différence. Je sais pas, quand je vois un groupe de rock bien habillé, limite classe, j’ai l’impression que ça perd toute sa saveur. Dans le genre, ils me font pas mal penser à BUMP OF CHICKEN ou surtout Asian kung-fu generation. Les mecs ressemblent à rien, mais ils dégagent vraiment quelque chose.

      Bon, du coup si tu arrêtes d’écrire s’ils viennent, je ne sais pas si je dois continuer d’espérer ou pas ! Je serais triste sans ces petites piques bien placées sur JaME ou ces comparaisons pimentées par milliers ^^

      • makki a dit :

        J’ai regardé le concert deux fois, par petits morceaux, pas le temps de me poser pendant deux heures. C’est vrai qu’ils sont surprenants, ils sont très à l’aise, et leur bassiste est vraiment déchainé…

        • Zack a dit :

          Juste, à la fin du 5e paragraphe, c’est le solo de Toru et non de Ryota ;D

          • Zack a dit :

            Ah et voici mon Facebook, Zack Hero…
            Monsieur (ou madame) le rédacteur, add me on facebook and send me a MP, I have to talk with you ;D

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