Critique album : ORANGE RANGE – NEO POP STANDARD

ORANGE RANGE a donc enfin, 18 mois après son anecdotique dernier opus en date, envoyé aux disquaires un nouvel album original. Groupe emblématique de toute une génération de lycéens et étudiants des années 2003-2006, porté en tête des ventes de façon spectaculaire avec plus de 2,6 millions d’unités vendues de l’album MusiQ en 2004, ORANGE RANGE s’est depuis fait largement oublier. Et dire que ce nouvel opus était très attendu serait plus qu’exagéré. Pour autant il s’agit tout de même d’un petit évènement. Pour des raisons légitimes d’une part, le groupe célébrant son 10ème anniversaire; et pour des raisons plus artificielles aussi, puisque la formation annonçait ce disque comme la première pierre d’une nouvelle étape de son parcours. Une nouvelle étape plus que nécessaire tant les dernières sorties du quintet avaient déçu par leur manque de saveur, bien loin des hymnes estivaux et des ballades fleuves qui ont fait son succès d’antan.

Intitulé NEO POP STANDARD, ce nouvel album d’ORANGE RANGE marque une forme de retour au premier plan du groupe, qui avait quitté la scène major suite à l’échec de world world world en 2009. Les cinq artistes avaient alors fondé leur propre label indépendant, SUPER ECHO LABEL, sur lequel ils ont commencé par enchaîner quelques sorties confidentielles, avant de s’orienter pour certains sur divers projets solo. orcd, leur dernier album original en date paru en octobre 2010, étant passé relativement inaperçu avec à peine 16.000 exemplaires écoulés, ils ont toutefois vite fait de se rendre compte que pour avoir une chance de continuer à exister médiatiquement, ils allaient avoir besoin de la puissance d’une major. C’est ainsi que SUPER ECHO LABEL s’est allié avec SPEEDSTAR RECORDS, division de Victor Entertainment, pour la distribution de NEO POP STANDARD. Sans grand succès toutefois : avec moins de 9000 disques vendus en première semaine, la tentative de happening est un échec cuisant, et tout semble indiquer qu’ORANGE RANGE est définitivement relégué aux oubliettes.

Quand ORANGE RANGE perd toutes ses couleurs

Le plus navrant, c’est que (pour une fois ?), ce triste sort est amplement mérité. Car NEO POP STANDARD est, sans contestation possible, la démonstration d’une absence totale d’inspiration. Le disque n’est pas raté, non : pour cela encore faudrait-il qu’il y ait de l’idée, mal exploitée mais de l’idée quand même. Il est tout simplement mauvais, très mauvais, pathétiquement mauvais, désespérément chiant, incroyablement creux, terriblement pauvre. Au point qu’on a peine à croire que ce soit le même groupe qui fut à l’origine des morceaux aussi riches et puissants que ceux qui ont fait les belles heures du top Oricon il y a quelques années. Non je vous jure, ce CD est minable en tous points, à faire passer les « articles » de Nautiljon pour des candidats sérieux au Pulitzer.

Exit les racines rock, funky et urbaines des premiers albums du groupe : NEO POP STANDARD est une espèce de dégueulis informe de sonorités électroniques d’une vacuité terrifiante. Quelques prouts-prouts synthétiques par ci, quelques samples 8 bits par là, des « paroles » répétitives et sans intérêt parsemées sur tout ça, et puis voilà. Pas de mélodie, pas de rythmique, pas d’énergie, pas de charisme, pas d’émotion, rien. Et certainement pas de quoi dire qu’il s’agit d’une electro-pop minimaliste assumée comme tel, car là aussi il faudrait qu’il y ait un semblant de boulot pour justifier cela. Alors sans doute me direz-vous : ok, l’album est mauvais, on a compris, mais encore ? Et bien c’est tout. Impossible d’argumenter plus que cela, cela impliquerait d’inventer des mots pour décrire l’indescriptible, de trouver un moyen de qualifier des rythmes bâtards à la conception incompréhensible, d’imaginer de nouveaux styles musicaux pour pouvoir dignement en attribuer un à l’une ou l’autre des pistes du disque. A l’exception d’une ou deux tentatives identifiées (du reggae vite fait pour Lion, une pop sautillante qui évoque vaguement les précédents travaux du groupe pour restart), il n’y a pas une chanson qui ressemble un tant soit peu à quelque chose. Désolé, mais je ne saurai faire mieux.

Il a plu à Dieu de rappeler à lui le groupe ORANGE RANGE, décédé d’une longue et pénible maladie qu’un tempérament joyeux et un courageux combat largement médiatisé il y a quelques années n’ont pas suffi à vaincre. Un peu comme Grégory Lemarchal, en fait. Avec Tamori à la place de Nikos Aliagas. La cérémonie religieuse a déjà été célébrée lors de la publication des chiffres du classement hebdomadaire de la sortie de NEO POP STANDARD. Merci de vous abstenir de tout envoi de fleurs et de couronnes, qui ne feraient que rappeler les dommages irréversibles que l’inhalation de végétaux brûlés a fini par causer au talent des membres du groupe. Les familles des artistes remercient toutes les personnes qui s’associeront à leur peine. Leurs maisons de disques ne manqueront pas de vous être reconnaissantes si vous leur faites le bonheur d’acquérir l’un ou l’autre des nombreux best-of d’ORANGE RANGE qui ont pullulé ces dernières années, qui vous permettront de ne garder du groupe que les bons souvenirs, et Dieu sait qu’il y en a. Qu’ils reposent en paix. Et en silence, ce sera mieux.

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