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Critique album : YUI – HOW CRAZY YOUR LOVE

18 décembre 2011 7 Commentaires

Il fut un temps où je l’aimais bien, la petite YUI. A vrai dire, j’ai même été de ceux qui ont encensé son premier album, ainsi que le deuxième. Mais elle a beau être encore toute jeune, j’ai l’impression que cela fait un bon paquet d’années que la chanteuse n’a plus rien sorti de convaincant. Qu’elle ait enchaîné 5 albums en tête des ventes depuis ne prouve rien : on connaît l’inclinaison naturelle des japonais à confondre tristesse et ennui, nostalgie et redondance, identité artistique et immobilisme. Si bien que je dois avouer ne même plus écouter les sorties de l’artiste depuis de longs mois. Mais voilà que sort son nouvel opus, au titre toujours aussi aléatoire de HOW CRAZY YOUR LOVE, et parce que je suis d’humeur conciliante, je décide de lui donner sa chance. Avec une bonne surprise à la clé ?

Oui je sais, ce cliffhanger éhonté à la fin de mon paragraphe d’intro ne vole pas haut : si YUI avait sorti quoi que ce soit de surprenant, ça se saurait. Et l’album ne serait pas n°1 des ventes à son tour. L’un des hauts responsables de l’assoupissement des fans de la première heure se nomme Hisashi Kondo. Depuis qu’il a pris les rênes de la production musicale de l’artiste, le fait est qu’il a transformé pour de bon notre petite YUI en une improbable réincarnation de Morphée à laquelle on aurait coupé les ailes. Et avec l’omniprésence de Kondo sur ce nouvel album, c’est la narcolepsie qui guette. Sortez les réserves de Juvamine, et faites une bonne cure de spiruline avant d’attaquer la suite, il faudra au moins ça…

A la pension des mimosas, tout le monde est heureux... Merci Bromazepam !

A l’image de Greena.live, qui eût mieux porté le titre de Greya.dead, YUI se traîne, se traîne, se traîne, encore et encore, tout au long du disque. Son filet de voix d’ordinaire déjà proche du murmure a tendance à chevroter, et l’énergie que l’on pourrait attendre de tout un tas de morceaux a semble-t-il fait les frais de la fermeture des centrales nucléaires à travers tout le Japon. Ainsi It’s my Life (et Lock’on, même combat), sonne comme un single d’Ai Ôtsuka sous Prozac, avec ses couplets aux accords calqués sur une bamba version toute fin de soirée, vous savez, ce moment exquis où l’on tente de garder les yeux ouverts pour ramasser les gobelets en plastique par terre au milieu des galettes… Quelques heures plus tôt au cours de la même soirée, YUI enregistrait d’ailleurs U-niform, une chanson country-pop bouclée pendant le coup de barre de fin de repas, et les gros pots de Crispy Chicken, croyez-moi, ça cale bien quand on pèse 38kg toute mouillée.

Il n’y a pas que l’interprétation qui fleure la camomille, la verveine, la valériane et le houblon. Côté instru aussi, avec l’aide des rouleaux compresseurs légendaires de chez Sony, c’est l’encéphalogramme plat. Que dire de Nobody Knows par exemple, aux arrangements garage-rock sans doute super sur le papier, mais qui perdent tout leur sens quand on les fait jouer par le club musique de l’Hospice des Rossignols. La patte de Kondo donne la gerbe (il faut bien faire passer les Crispy Chicken par un trou ou par un autre) sur les strings Yamaha nauséabonds de YOU, une ballade midtempo presque aussi amorphe que no Reason, dans un registre plus pop-rock acoustique passé sous le jet d’un karcher d’eau de javel. Tout aussi affligeant : Rain, dont l’accompagnement rock’n'roll semble avoir été confié à Nicolas, José, Sébastien, Olivier et bien sûr Cri Cri d’amour, lequel n’était clairement pas dans un bon jour.

Un mot sur les paroles ? Est-ce bien nécessaire ? Entre Cooking (sic) et ses lalala sur rythmique low-tempo au tambour, et Separation, qui fait lalala aussi mais sur une rythmique un peu funky, c’est vraiment à se demander si YUI pige quelque chose à ce qu’elle chante. Allez c’est Noël, je vais quand même en repêcher une : HELLO, le thème du film Paradise Kiss, dont les couplets apathiques accouchent d’un pop-rock à la positive attitude à peu près réveillée sur les refrains. C’est tout de même bien maigre.

Pour ceux qui se seraient endormis avant d’arriver à la conclusion, je résume : HOW CRAZY YOUR LOVE est un album qui achève de nous convaincre de la neurasthénie aggravée dont souffre la pauvre YUI, laquelle ajoute à une discographie rébarbative le drame d’être mal entourée. Voilà quelques années, je m’inquiétais de sa capacité à se renouveler, que j’estimais être une condition sine qua non à ce qu’elle ne lasse pas très vite son public. Si tant est qu’il restait quelque espoir à une poignée de fans de notre côté du planisphère, je les conjure, après l’écoute de ce disque, de renoncer une fois pour toutes. Mais qu’ils se rassurent : les industriels de la kpop sont là pour les accueillir à bras ouverts. « La barbarie plutôt que l’ennui, » comme disait Théophile Gautier ?

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7 Commentaires »

  • a dit :

    Enorme lol ! Dommage que ce soit tellement vrai :’-(

    • Marc a dit :

      Excellente critique, je suis d’accord du début à la fin, à une exception près ; Nobody Knows, qui est la seule inéd… piste de l’album que j’ai écouté en boucle (et l’utilisation du passé composé vient compléter ma critique). Je fais partie des inconditionnels de ses deux, voire trois premiers albums. Mais depuis… on s’ennuie, c’est un fait. Je garde malgré tout espoir dans le futur de sa carrière ! Non pas que j’attend quelque chose de nouveau, mais plutôt un retour en arrière… Un retour à l’époque où elle nous proposait encore des chansons aussi exceptionnelles que marquée par sa véritable identité, comment l’étaient How Crazy, Daydream, Merry Go Round ou Umbrella, pour ne pas citer de pistes single.

      • Van a dit :

        Comme beaucoup d’auteur compositeur, la naturelle YUI s’installe avec sécurité dans une routine rassurante et fort rentable (le syndrome Aiko), je pense que sa fan base est suffisamment importante pour qu’elle puisque continuer à vendre la même chanson pendant 10 ans ! Elle bénéficie également des contrats juteux de chez Sony et signera des génériques populaires ce qui la maintiendra dans les charts. Bref rien ne changera… Aa moins qu’elle se mari est arrête sa carrière ^^

        • Pavel a dit :

          T’es bien courageux, moi j’ai laissé tomber ses sorties depuis I LOVED YESTERUDAY

          • JT a dit :

            Je n’écouterai pas l’album, comme ses dernières sorties. Son 1er album était très bon et au final je crois que les derniers titres de YUI qui m’ont plu étaient Rolling star et Goodbye D, ce qui commence à dater pas mal… Et puis ce ne sont pas tes références aux bromazépam, prozac, valériane & co(très joli champ lexical au passage!)qui vont me décider de me pencher à nouveau sur son cas…!

            • Didi a dit :

              Mouai.. je vous trouve un peu difficile sur ce coup là, mais je respecte votre avis. De mon côté je la suis depuis ses débuts, et je continue à adhérer totalement. D’ailleurs je trouve que Green a.live est un des meilleurs titres de cet album contrairement à HELLO que je trouve plutôt bof.

              • Kenshin a dit :

                Très bonne critique au vocabulaire judicieusement choisi.

                Je crois que tu as tout dit, YUI c’est fini. Elle a au moins le mérite de ne pas être tombé aussi bas que MUCC… (passer d’une musique noire et poétique à l’électro, il fallait oser ! MUCC l’a fait.)

                Tout comme Marc, je me demande où est How crazy, Merry go round, Tokyo…

                YUI était dans mon top 3 de mes chanteuses préférées (et la seule japonaise, les 2 autres étant Colbie Caillat et Anna Ternheim).
                Il est dommage de se reposer sur ses lauriers et de profiter de l’engouement pour se permettre de ne faire que des sorties commerciales.

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